WhatsApp constitue une menace plus grande pour la démocratie que Facebook

Les plate-formes en ligneFacebook et Instagram ont été au centre de vives critiquesdernièrement car elles seraient utilisées pour manipuler l’opinionpublic lors des élections, notamment via la diffusion de faussesinformations. Cependant, on évoque beaucoup moins le rôle tenu lorsde tels événements par le service de messagerie WhatsApp, rachetéen février en 2014 par Facebook. 

Toutefois, selon lequotidien américain New York Times, la récente électorale dans l’État indien de Karnataka a démontré l’impact potentiel deWhatsApp lors de ce type de scrutin.

Pays en voie dedéveloppement

« WhatsApp joue deplus en plus un rôle central dans les élections, en particulierdans les pays en développement », explique le New York Times.  « Plus que toute autre application de messagerie ou de médiasocial, WhatsApp a été utilisé ces derniers mois par les partispolitiques, les activistes religieux et autres pour envoyer desmessages et distribuer des informations aux 49 millions d’électeursdu Karnataka. »

« Alors que denombreux messages étaient des missives de campagne ordinaires,certains messages étaient destinés à enflammer les tensionssectaires et d’autres messages étaient clairement des faussesnouvelles, sans aucun moyen de retracer leur origine. » Comme le reste de l’Inde,le Karnataka est un État à majorité hindoue et un élément de basede la politique électorale est de dresser les musulmans contre leshindous ainsi que les diverses castes hindoues les unes contre lesautres, explique le New York Times.

Selon Ankit Lal, stratègedu parti Aam Aadmi, WhatsApp est devenu l’instrument le plusimportant de la campagne numérique. « Nous luttons surTwitter. La bataille est sur Facebook. La guerre est sur WhatsApp « ,a-t-il déclaré. Le rôle que WhatsApp jouedans l’influence des électeurs a fait l’objet de beaucoup moinsd’attention que celui de ses services sœurs Facebook et saplate-forme de partage de photos Instagram. WhatsApp a largementéchappé à ces critiques car il est utilisé davantage endehors des États-Unis dans des pays comme l’Inde, le Brésil etl’Indonésie qui envoient un total de 60 millions de messages parjour. Contrairement à Facebook et Instagram où une grande partie del’activité en ligne est publiquement visible, les messages deWhatsApp sont généralement cachés car il s’agit d’un outil decommunication de personne à personne.

Poubelle potentielle pourla désinformation

« Pourtant, WhatsAppdispose de plusieurs fonctionnalités qui en font une poubellepotentielle pour la désinformation et l’abus », explique lemédia. Les utilisateurs peuvent rester anonymes, identifiésuniquement par un numéro de téléphone. Les groupes qui sont limités à 256 membres sont facilesà configurer en ajoutant le numéro de téléphone des contacts.

Parailleurs, les utilisateurs ont l’habitude d’appartenir à plusieursgroupes, donc ils sont souvent exposés aux mêmes messages de manièrerépétée. Lorsque les messages sont transférés, il n’y a aucunmoyen de retracer leur origine. Par ailleurs, l’ensemble est chiffré,ce qui empêche les responsables de l’application de la loi et mêmeWhatsApp de savoir ce qui se dit sans regarder l’écran dusmartphone.

Govindraj Ethiraj,fondateur des plate-formes Boom et IndiaSpend, deux sites quivérifient les faits politiques et gouvernementaux indiens, aqualifié le rôle de WhatsApp d’insidieux lors de la diffusion defausses informations.

Le poids du barrage deWhatsApp lors des élections finales à Karnataka ne peut pas êtretracé, Même si WhatsApp a largement remplacé les messages texteset le courrier électronique, la couverture télévisée etjournalistique, le démarchage porte-à-porte et l’achat direct devotes demeurent monnaie courante.

Aspects positifs

Selon Neelanjan Sircar,chercheur au Center for Policy Research de New Delhi, l’inondation demessages WhatsApp n’a probablement pas changé l’opinion politiquedes électeurs mais a alimenté les émotions et a augmenté le tauxde participation dans des régions à fortes divisions de castes oude groupements religieux.

Lors des électionsparlementaires indiennes nationales il y a quatre ans, Facebook étaitde loin l’outil de campagne numérique le plus important. Depuislors, cependant, l’utilisation des smartphones en Inde a connu unecroissance exponentielle. Par conséquent, WhatsApp est devenu laplate-forme de communication préférée pour de nombreux citoyens.

D’un autre côté, lemédia offre également une vitrine à des candidats politiques moinsexposés dans les médias traditionnels, leur donnant la possibilitéd’atteindre un public.

Plus