Voici pourquoi Damas continue de bombarder en Syrie

Au Conseil de sécurité de l’ONU, les membres s’étaient mis d’accord samedi pour respecter un cessez-le-feu en Syrie durant 30 jours. Moins de 24h après, le régime de Damas bombarde à nouveau la Ghouta orientale sans être inquiété car un détail du texte est suffisamment flou que pour le lui permettre.

La guerre en Syrie est un conflit complexe qui oppose plusieurs groupes avec des moyens et des volontés différentes. La résolution prise par le Conseil de sécurité de l’ONU samedi ne prenait position pour aucun d’entre eux. Elle demandait simplement qu’un cessez-le-feu soit respecté pendant 30 jours afin de pouvoir apporter une aide humanitaire aux civils.

Dimanche matin, des images provenant de Syrie montrent que les forces armées du régime de Bachar al-Assad bombardent la ville de la Ghouta sans être inquiétées par la communauté internationale. La Ghouta abrite plusieurs groupes rebelles comme Jaich al-Islam et Faylaq al-Rahmane qui ont accepté la trêve. Mais c’est cette étiquette de rebelle que Damas transforme en terroriste et utilise pour les attaquer en toute impunité.

Question de définition

La résolution des Nations Unies demande à ce que « toutes les parties cessent les hostilités sans délai pour au moins trente jours consécutifs en Syrie pour une pause humanitaire durable » et « appelle à la levée immédiate des sièges de zones habitées dont la Ghouta orientale, Yarmouk, Foua et Kefraya ».

Mais elle précise également que « la cessation des hostilités n’a pas vocation à s’appliquer aux opérations militaires menées contre Daech, Al-Qaida et le Front Al-Nosra, et les autres individus, groupes, parties prenantes et entités associés à Al-Qaida ou Daech, et d’autres groupes terroristes, ainsi désignés par le Conseil de Sécurité ».

Et c’est sur ces mots que se joue le champ d’action de Damas. La notion de terroriste varie selon que l’on se place du côté du président Bachar al-Assad, de l’ONU ou des rebelles. Pour le régime syrien, les rebelles sont des terroristes, ce qui justifie une intervention lourde et justifie de passer outre la résolution onusienne.

Poutine et la Syrie

Rappelons toutefois que la Russie a sa part de responsabilité dans l’histoire. Vladimir Poutine a fait retarder le cessez-le-feu de l’ONU la semaine dernière, alors même que les enfants de Ghouta mouraient. Il a apporté onze amendements au texte initial pour qu’al-Assad puisse désigner comme « terroriste » ceux sur qui il souhaite vider ses bombardiers.

Comme l’écrit Simon Tisdall dans le Guardian, « Poutine gère le conflit syrien, de la même manière que Lyndon Johnson gèrait le Vietnam. Les forces russes ne sont pas engagées sur le terrain à un degré similaire. Mais le prestige mondial de la Russie, ses intérêts géostratégiques et sa crédibilité politique et militaire sont maintenant inextricablement liés à Assad. (…) Cela ressemble à un mauvais pari que Poutine ne peut pas se permettre de perdre ». Et malheureusement, ce pari inclue la vie de civils.

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