Voici les 10 ONG les plus puissantes au monde

Avec les États et le monde financier, les ONG font partie des plus gros lobbyistes au monde. On te dresse ici un top 10 des ONG les plus influentes.

Une organisation non-gouvernementale doit répondre à quatre critères fondamentaux. 

  • L’indépendance financière 
  • L’indépendance politique
  • La notion d’intérêt public de son action
  • Le but non lucratif de son action

Comme son nom l’indique, l‘ONG ne doit ni être un État ni une institution internationale. Elle reste toutefois une personne morale qui intervient dans le champ national ou international. Ses missions sont variées et se concentrent généralement autour de l’action humanitaire, l’action environnementale ou l’action sociale. Certaines militent aussi pour les droits de l’homme ou mélangent tous ces secteurs d’activité. 

On estime souvent que la première ONG est l’Institut du droit international créé en 1873 à Gand. Il est suivi par l’Union interparlementaire en 1889 et le Bureau international de la paix en 1892. Le Rotary, qui deviendra Rotary international, est lui fondé en 1917. On compte actuellement près de 3.000 ONG reconnues par le Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC).

Sur le plan international, les ONG ont fait mauvaise pub en 2018. Principalement à cause de l’ONG Oxfam dont les scandales sexuels, aussi bien en Haïti qu’au Tchad, ont été répandus dans la presse. Un Belge a même été accusé en première ligne. Investi dans l’humanitaire depuis des années, il est cité dans trois affaires dans lesquelles il est question de prostituées, parfois mineures, qui offraient leurs services lors de missions avec l’ONG. Passé notamment par Caritas entre 1995 et 1999, il a travaillé pour Oxfam jusqu’en 2014, malgré plusieurs signalements au sein de l’ONG. Le foin qui a entouré cette polémique a considérablement fait diminuer les dons, et pas seulement chez Oxfam, une tendance qui est apparue avec la crise économique de 2008.

Pour nous aider à nous y retrouver, l’organisme indépendant NGO Advisor a déterminé les 500 ONG les plus puissantes au monde. Pas moins de 165 critères leur ont permis de dresser ce classement, parmi lesquels on retrouve la transparence ou l’indépendance par rapport aux États mais aussi son champ d’action. Ces critères vont donc bien au-delà des aspects financiers. On te dresse ici le classement des 10 ONG les plus puissantes.

10. Cure Violence

Cure Violence est une ONG qui a été lancée en 2000 à Chicago, mais son action est internationale. Son but? Bannir la violence des grandes villes, à la manière d’une maladie infectieuse. La méthode est scientifique et a été mise au point par le professeur Gary Slutkin, de l’université de l’Illinois à Chicago. Elle vise d’abord à identifier le groupe le plus à risque et tente ensuite d’interrompre la spirale de la violence grâce à des personnes hautement qualifiées, toutes issues de ces mêmes groupes. Par exemple, des membres de gangs repentis qui vont tenter d’éduquer les communautés concernées sur les conséquences d’un comportement violent.

Grâce à cette méthode, Cure Violence a réduit de 16 à 34 % le nombre de fusillades au sein des communautés visées. Cure Violence, auparavant CeaseFire, intervient aujourd’hui dans plus de 50 villes aux États-Unis et dans une quinzaine de pays à travers le monde dont le Canada, la Trinité-et-Tobago, le Honduras, le Mexique, l’Afrique du Sud et la Colombie. Ses résultats sont souvent meilleurs que ceux obtenus par des politiques publiques. Son modèle à but non lucratif n’y est sans doute pas étranger. 

Un documentaire lui est consacré via The Interrupters (2011). On y suit trois « pacificateurs » qui distillent leur savoir-faire au sein des gangs de Chicago. Le documentaire a reçu de nombreux prix.

9. Oxfam

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Malgré les scandales révélés par The Times, Oxfam International reste une des ONG les plus influentes au monde. Il s’agit en fait d’une confédération qui rassemble 20 organisations indépendantes de même sensibilité. Oxfam est l’acronyme de Oxford Committee For Famine Relief. Comme son nom l’indique, l’ONG a été créée en Angleterre et visait à agir contre la famine provoquée par le blocus anglais contre l’occupation nazie en Grèce. Comme souvent, ce sont des étudiants et des citoyens qui étaient à l’initiative. Ils se sont unis pour louer un bateau afin de faire parvenir de la nourriture à la population, elle aussi victime du blocus. 

Par la suite, les ONG de coopération au développement de différents pays se sont regroupées indépendamment sous le nom Oxfam, pour devenir en 1995 Oxfam International. Leur champ d’action est énorme: pauvreté, environnement, inégalités, réglementation des armes ou encore éducation. Aujourd’hui, on retrouve une filiale Oxfam dans 20 pays: Allemagne, Australie, Belgique, CanadaEspagneÉtats-UnisFranceHong Kong, IndeIrlande, ItalieJaponMexiqueNouvelle-ZélandePays-BasRoyaume-Uni et dans la province canadienne du Québec. En Belgique, Oxfam prend le nom d’Oxfam Solidarité et dispose de 46 magasins de seconde main et pas loin de 600 bulles à vêtements. 

Oxfam agit dans 90 pays, en collaboration avec 3.200 organisations partenaires. Plus de 25 millions de personnes dépendent actuellement de son programme. Sensibilisation, aide d’urgence, lutte contre la pauvreté et projets de développement: voilà aujourd’hui ses principales activités. 

8. Handicap International

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Handicap International a été créé en 1982 par deux médecins lyonnais. Sa première mission était de venir en aide aux personnes réfugiées dans des camps au Cambodge et en Thaïlande. Son action s’étend maintenant à toute la planète mais l’ONG est directement implantée dans 7 pays dont la Belgique: on trouve des antennes en Suisse, au Luxembourg, en Allemagne, au Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis. Un temps indépendante, la section belge s’est finalement rassemblée au sein de la fédération en 2011.

Ses activités se concentrent autour des personnes handicapées sur base de six thématiques: la réadaptation, la prévention, la défense des droits, le déminage humanitaire et l’urgence. La lutte contre les mines antipersonnel est depuis toujours sa préoccupation première. Ce qui lui a d’ailleurs valu le prix Nobel de la Paix en 1997. 

En 2016, l’ONG a apporté une aide humanitaire à 235.679 personnes et a aidé 599.534 victimes de mines. 915.608 personnes ont également bénéficié de ses soins de santé ou de ses cours en prévention. Handicap International est intervenu dans 56 pays cette année-là. Neymar est depuis 2017 son ambassadeur.

7. Mercy Corps

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Moins connu de ce côté de l’Atlantique, Mercy Corps a été créé en 1979 aux États-Unis sous le nom de Save The Refugee Fund. Sa première action visait à venir en aide aux victimes du génocide cambodgien sous le régime de Pol Pot. Petit à petit, l’ONG a élargi son activité pour proposer aujourd’hui des solutions durables à des problèmes humanitaires et de développement. 

Mercy Corps dit avoir aidé 220 millions de personnes à travers 122 pays. L’ONG a développé entre autres des solutions agro-industrielles, des microcrédits, des infrastructures environnementales et elle contribue toujours à lutter contre le sida et les violences domestiques tout en renforçant son pôle éducation. 

Ce qui démarque cette ONG des autres, c’est vraiment ses solutions à long terme. Mercy Corps tente de s’attaquer aux causes et évite les rustines, qui par définition ne durent jamais longtemps. Pour cela, elle forme, éduque, sensibilise des communautés, qui le feront à leur tour sur le terrain. 

Dernièrement, lors de la crise syrienne qui a mené à la fuite de millions de réfugiés, dont la moitié sont des enfants, Mercy Corps a indiqué que 2,5 millions de personnes ont bénéficié de l’un de ses programmes, spécifiquement au sein des pays voisins comme l’Irak, le Liban et la Jordanie. Nourriture, eau potable, sécurité, mais aussi éducation et santé, autant de services que fournit l’ONG.

6. Acumen

© Acumen

Acumen est une ONG qui lutte principalement contre la pauvreté. Elle rappelle dans son préambule que plus de 2 milliards de personnes sur Terre manquent de nourriture et de services de base: de l’eau potable à l’électricité, en passant par l’éducation. Le but de l’ONG est de rendre une dignité à chaque être humain pour que chacun jouisse d’une égale opportunité. Ce qui n’est pas une mince affaire.

Acumen a été créé en 2001 et est issu de la Fondation Rockefeller et de la Cisco Systems Foundation, ainsi que de quelques philanthropes. Sa CEO et fondatrice, Jacqueline Novogratz, a débuté son activité humanitaire en 1986 en quittant Wall Street pour lancé au Rwanda une institution de microfinance.

Les partenaires d’Acumen sont vus comme des investisseurs: le but de l’ONG est de créer des outils économiques efficients et durables, et non pas de venir en aide directement aux habitants des pays concernés. Leur constat est simple: vu que le marché (capitaliste) et que la charité ne peuvent à eux seuls résoudre les problèmes de pauvreté, il faut passer par du « patient capital », un capital philanthropique qui fournit aux startups locales les moyens de grandir et d’aider ses « clients » pauvres. 

Acumen favorise en fait l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, ce sont ainsi plus de 100 millions de dollars qui sont investis dans 108 sociétés autour du globe. Ces petites entreprises seraient venues en aide à plus de 270 millions de personnes, si on en croit les chiffres de l’ONG.

5. Ashoka

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Là encore, l’association Ashoka ne vous dit peut-être pas grand-chose. Elle est pourtant présente dans 86 pays et a déjà soutenu 3.000 entrepreneurs, appelés aussi « Ashoka Fellows ». Cette ONG est née en Inde en 1980. Elle propose un soutien financier aux entrepreneurs sociaux innovants dans les domaines de l’éducation, la formation, la santé, le développement durable, la défense de l’environnement et les droits de l’homme. Son spectre est donc très large.

Pour son fondateur, Bill Drayton, l’argent public dépensé manque cruellement d’efficacité. En investissant directement dans des entreprises sociales méticuleusement sélectionnées, Ashoka tente de pallier ce manque d’efficacité.

La Belgique dispose, depuis 2008, de son antenne Ashoka. Elle a partagé son programme avec 12 entrepreneurs sociaux et travaille avec 14 écoles. Le tout est supporté par 15 « philantropic business leaders ». 

4. Skoll Foundation

La Skoll Foundation a été créée en 1999 en Californie par Jeffrey Skoll. Comme l’ONG Ashoka, elle investit directement auprès d’entrepreneurs sociaux, récoltant 40 millions de dollars en moyenne chaque année. Jeffrey Skoll, c’est aussi le premier président de eBay, le site de vente et d’achat en ligne. 

Depuis 2014, la fondation s’intéresse de près au changement climatique et à ses conséquences. L’ONG agit également sur l’approvisionnement en eau, les pandémies, la prolifération nucléaire et les conflits au Moyen-Orient.

En 2016, lors la crise du virus Zika, la Skoll Foundation a contribué, avec le ministère de la Santé du Brésil, à mettre en place une application pour renseigner les habitants sur une potentielle infection du virus.

3. Danish Refugee Council

© DRC

Comme son nom l’indique, le Danish Refugee Council a été créé au Danemark en 1956, suite à la répression de l’Insurrection de Budapest en pleine Guerre froide. Aujourd’hui, l’ONG établit ses activités dans plus de 30 pays à travers le monde. Après avoir assuré un rôle humanitaire lors la guerre des Balkans, elle est en première ligne du conflit syrien, notamment en venant en aide aux réfugiés installés dans des camps en Jordanie, en Turquie et au Liban, mais aussi en Tunisie, en Libye, en Somalie, en Afghanistan, en Irak et en Tchétchénie.

C’est son rôle premier: fournir une assistance aux populations des pays en guerre et aux réfugiés dans les zones conflictuelles du monde. Sa charte est la Déclaration des droits de l’homme, et le sens de sa mission est on ne peut plus actuel vu la crise des migrants survenue en Europe en 2015. L’ONG s’est aussi spécialisée dans le rétablissement post-conflit.

Concrètement, son action consiste à établir des hébergements et des infrastructures de petite taille, à favoriser la production et la génération de salaires, à assurer la sécurité alimentaire et le développement de l’agriculture. Mais l’ONG porte aussi de nombreux projets en vue de reconstruire un pays et de lutter contre les mines antipersonnel. 

L’ONG fonctionne grâce aux dons et à l’argent public danois. Elle emploie plus de 7.000 personnes dans le monde qui viennent en aide aux réfugiés « où qu’ils soient à travers le monde ».

2. Médecins sans frontières

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Médecins Sans Frontières est une organisation caritative créée en France en 1971. L’un de ses pères fondateurs est l’ancien ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy, Bernard Kouchner. L’ONG fournit une assistance médicale suite à des conflits armés, des catastrophes naturelles, des épidémies ou des famines. L’ONG a reçu le prix Nobel de la paix en 1999 pour son action dans les Balkans. 

Dans sa charte, MSF précise que ses interventions se font au nom de l’éthique médicale universelle et qu’elles se font sans aucune discrimination de race, de religion, de philosophie ou de politique. Mais c’est justement ce côté universel qui lui a posé le plus de problèmes. Et ce, dès 1979, quand l’ONG a fait affréter un bateau avec des médecins et des journalistes pour témoigner des violations des droits de l’homme dans un Viêt-nam devenu totalement communiste. Cette action a provoqué un schisme, car elle était considérée comme vaine et trop coûteuse. L’un des fondateurs a même taclé cette initiative dans Le Quotidien du médecin en la comparant à « un bateau pour Saint-Germain-des-Prés », ce qui fait directement référence aux origines bourgeoises des collaborateurs de l’ONG.

Encore aujourd’hui, MSF fait polémique. Notamment par rapport à sa position sur la crise migratoire en Europe. L’ONG a, par exemple, refusé des fonds européens suite à l’accord d’Ankara, signé entre les pays de l’UE et la Turquie et qui prévoit la rétention de réfugiés sur les terres turques. En décembre 2016, l’agence Frontex, l’agence européenne responsable de la coordination des activités des garde-frontières dans le maintien de la sécurité des frontières de l’Union avec les États non-membres, a pointé du doigt MSF pour sa collusion avec les passeurs de migrants en Méditerranée. Il s’agit d’une critique récurrente envers les associations qui viennent en aide aux réfugiés. Si ces critiques proviennent généralement de femmes et hommes politiques européens anti-migrants, c’était aussi le cas de la justice italienne qui, en 2017, a soupçonné MSF d’avoir joué un rôle dans la récupération illégale de migrants au large de la Libye. 

Aujourd’hui, MSF compte une centaine de projets dans plus de 60 pays. Son financement provient à « 99 % » de particuliers, ce qui rend l’ONG complètement indépendante. MSF dispose d’une antenne en Belgique, qui exerce son activité principalement en Afrique et au Congo. 

1. Brac

© Brac

BRAC pour Bangladesh Rural Advancement Committee. Avec 163 millions d’habitants, le Bangladesh est le 8e pays le plus peuplé au monde. Enclavé dans l’Inde, ce bout de territoire est propice à de nombreuses catastrophes naturelles. Le Brac a été fondé en 1972, soit lors de la libération du Bangladesh. Le comité ne devait à l’origine que durer 2 ou 3 ans, le temps que le nouveau gouvernement prenne les choses en main, c’est aujourd’hui l’ONG la plus puissante au monde, selon NGO Advisor.

Le Brac est maintenant présent dans les 64 districts du pays et dans 13 pays à travers le monde, parmi lesquels l’Afghanistan, le Sri Lanka, le Pakistan, les Philippines, Haïti, Le Liberia, l’Ouganda, la Tanzanie, le Soudan du Sud et la Sierra Leone. L’ONG emploie plus de 120.000 personnes à travers le monde, dont 70 % de femmes.  

Son action se divise en trois secteurs d’intervention: l’aide au développement économique et social, l’éducation et la santé. Ses services viennent en aide à quelque 126 millions de personnes. 

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