Une dette publique élevée est-elle un problème ?

Un grand nombre de pays ont une dette publique particulièrement élevée. Cette charge financière pèse sur l’économie et réduit la marge de manœuvre des autorités. Néanmoins, un nombre important d’économistes, comme Stephanie Keaton aux États-Unis ou Thomas Porcher en France, estiment qu’une dette souveraine élevée n’est pas fondamentalement un problème.

La dette publique des Etats-Unis se monte à  20 500 milliards de dollars, indique le magazine The Week. Ce montant augmente constamment. En dehors d’une période de quatre ans pendant le boom économique il y a deux décennies, le gouvernement américain a clôturé chaque année avec un déficit budgétaire depuis la fin des années 1960.

« Le genre de choses qui devraient empêcher les gens de dormir »

La dette américaine dépasse maintenant légèrement la taille de l’économie américaine dans son ensemble, puisqu’elle représente 106 % du PIB américain. D’ici 2028,  elle devait atteindre les 30 000 milliards de dollars. Selon Janet Yellen, l’ex-gouverneur de la Réserve fédérale, cet endettement pourrait devenir insurmontable. “C’est le genre de choses qui devrait empêcher les gens de dormir la nuit”, en a-t-elle dit en novembre

En principe, les dettes doivent toujours être remboursées avec leurs intérêts. Mais étant donné que les taux d’intérêt étaient tombés à des niveaux historiquement faibles au cours de la dernière décennie, emprunter n’était plus réellement problématique. Les États-Unis ont dû payer 276,2 milliards de dollars d’intérêts l’an dernier, ce qui représentait 6,8 % du budget fédéral total, alors que ce poste dépassait les 15 % au milieu des années 1990.

La fin du programme de stimulus de la banque centrale

Mais comme la banque centrale américaine met progressivement fin à son programme de relance économique, les taux d’intérêt vont de nouveau repartir à la hausse. Le Congressional Budget Office (CBO) s’attend à ce que la charge d’intérêts triple quasiment d’ici 2027. À ce moment-là, l’État américain consacrera plus d’argent au paiement des intérêts de sa dette qu’à la défense nationale. Cette perspective ne semble guère susciter l’inquiétude.

Les économistes rappellent que la dette publique a permis de réaliser d’importants investissements. De plus, il est impossible d’établir une comparaison avec la dette des ménages, car en principe un gouvernement a la possibilité d’imprimer de l’argent supplémentaire, et peut étendre à l’infini le délai dont il dispose pour s’acquitter de ses obligations financières.

Les déficits et la dette ne comptent pas pour certains économistes

Pour certains économistes, les déficits budgétaires et la dette publique sont sans importance, explique The Week. Selon l’école du chartalisme (Théorie Monétaire Moderne), seule l’inflation peut empêcher un gouvernement de créer et de dépenser autant d’argent qu’il le juge nécessaire.

Ainsi, il n’y a pas de crise de la dette aux États-Unis, alors que les 21 % d’enfants qui vivent dans la pauvreté sont beaucoup plus problématiques, affirme l’économiste Stephanie Kelton, un ancienne conseillère du sénateur américain Bernie Sanders.

L’attitude de la politique envers la dette nationale joue également un rôle sur sa perception. « Chaque parti qui finit dans l’opposition critique sévèrement la dette nationale, mais quand il arrive au pouvoir, le déficit budgétaire est défendu comme un instrument nécessaire pour sauver l’économie », observe-t-elle.

L’économiste français Thomas Porcher partage son avis. “Quand on impose une réduction d’impôt pour la classe des plus riches, la dette nationale ne semble pas être un problème », dit-il. « Si, d’un autre côté, des investissements doivent être faits dans des installations publiques, on affirme que l’argent ne tombe pas du ciel”. 

Les électeurs n’aiment pas les réductions de déficit

« En principe, il existe un moyen simple de réduire la dette nationale », souligne The Week. On peut augmenter les recettes de l’État en introduisant de nouvelles taxes, et en alourdissant les  taxes existantes. D’un autre côté, on peut aussi réaliser des économies grâce à une réduction des dépenses. Cependant, l’électeur n’aime ni les impôts, ni les économies budgétaires. Les politiciens veulent s’assurer leur réélection tenteront d’éviter autant que possible ces mesures.

Enfin, une partie de la dette publique est entre les mains de tierces parties étrangères. Lorsque la cote de crédit d’un pays est dégradée par les agences de notation, le risque inclus dans le taux d’intérêt sur la dette de ce pays  augmente, ce qui surenchérit le remboursement du prêt au travers de l’augmentation de ses intérêts.

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