Un quart des Européens préféreraient être gouvernés par l’IA

Selon des chercheurs, un Européen sur quatre préférerait que l’intelligence artificielle (IA) se charge des décisions importante relatives à la gestion de son pays.

L’IE University, une université privée espagnole, a mené une étude sur la perception de l’opinion publique vis-à-vis de la « quatrième révolution industrielle », à savoir l’essor des technologies intelligentes et de l’intelligence artificielle dans les usines et sur les lieux de travail. Selon cette enquête, les nouvelles technologies engendrent un sentiment d’insécurité et d’incertitude parmi le public.

Résultats

L’étude a été réalisée cette année sur base d’enquêtes électroniques auprès de 2.576 Européens provenant de 8 pays: la France, l’Irlande, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Portugal.

Une personne sur trois aux Pays-Bas, en Allemagne et au Royaume-Uni a déclaré qu’elle préférerait que l’IA se charge des décisions importantes du pays. Parmi ces répondants, on a observé un nombre significatif de personnes de sexe et de niveaux d’éducation différents.

Selon le rapport, les diplômés de l’enseignement supérieur sont encore plus enclins à laisser les robots se charger des questions politiques que les personnes non titulaires d’un diplôme universitaire. 34% des hommes étaient favorables à une prise en charge des robots, contre 25% des femmes.

Méfiance

« Cet état d’esprit, probablement lié à la méfiance croissance des citoyens à l’égard des gouvernements et des hommes politiques, est à la base de la remise en question du modèle européen de démocratie représentative », ont expliqué les chercheurs.

Plus de la moitié des personnes (56%) s’inquiètent de la perspective d’un avenir dans lequel les robots réaliseraient la plupart des tâches humaines. « Cela montre que la célébration par la Silicon Valley de l’automatisation en tant que phénomène qui améliorera la vie des citoyens ne fait pas écho chez les Européens. »

Par ailleurs, 7 personnes sur 10 ont déclaré que les nouvelles technologies feraient plus de mal que de bien à la société au cours de la prochaine décennie si elles n’étaient pas contrôlées correctement.

Soutien aux travailleurs affectés par l’automatisation

Parmi les répondants irlandais, 79% ont déclaré qu’un soutien devrait être accordé aux travailleurs affectés par l’automatisation. Ce pourcentage est l’un des plus élevés parmi les pays de l’étude. Au Portugal, ce taux atteint 92% et en Espagne, 85%.

Selon Diego Rubio, directeur du Center for the Governance of Change de l’IE, ces résultats traduisent des sentiments de confusion, d’inquiétude et d’angoisse à l’égard des effets de la technologie sur les emplois, les vies et les systèmes politiques. « Cela montre que le public exige également une action politique plus importante sur pratiquement tous les plans. Cela va de la politique du travail à la fiscalité, en passant par la réglementation des médias sociaux et la régulation éthique des machines intelligentes. »

Paradoxe

Cette étude a mis en lumière un paradoxe. Alors que le public privilégierait  l’IA au détriment des gouvernements, les personnes craignent les progrès technologiques et l’automatisation croissante.

70% des personnes souhaitent que les responsables politiques prennent des mesures politiques énergiques pour freiner l’automatisation et pour lutter contre les suppressions d’emplois et ce, même si cela implique un ralentissement des progrès technologiques. Les chercheurs perçoivent déjà des protestations de plus en plus nombreuses contre l’impact de l’économie numérique sur l’emploi et les salaires.

Pour 67% des Européens, la gouvernance des nouvelles technologies et le changement climatique sont les plus grands défis de l’UE.

Enfin, les Européens sont inquiets des changements provoqués par les nouvelles technologies sur leur vie. 68% des personnes s’inquiètent du fait qu’à l’avenir, nous passerons plus de temps à sociabiliser en ligne qu’en personne.

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