L’Amérique ne peut pas se passer d’un dollar plus faible : “Trump va utiliser le dollar comme une arme.”

« Cela fait 30 ans que je suis dans le métier, mais jusqu’à cette semaine, je n’ai JAMAIS entendu dire qu’un politicien étranger, et encore moins un président américain, avait commenté les décisions d’une banque centrale dans une autre région. » C’est ce qu’écrit Steen Jakobsen, le directeur des investissements de la Saxo Bank danoise, dans un courriel adressé à notre rédaction.

Jakobsen se réfère bien sûr au tweet que Donald Trump a envoyé immédiatement après l’annonce du président de la BCE, Mario Draghi, auparavant cette semaine. À l’occasion de la réunion annuelle de la BCE à Sintra (Portugal), Mario Draghi n’a pas exclu la possibilité d’inonder de nouveau le marché avec de l’argent frais.

La réponse de Trump n’a pas tardé. (« L’indice DAX allemand en hausse en raison des remarques de Mario Draghi à propos d’une politique monétaire de relance. Très injuste envers les États-Unis ! »)

Après la guerre commerciale, le temps est venu pour une guerre des changes, comme le montre le graphique ci-dessous. Désormais, l’euro se négocie déjà à un niveau plus élevé qu’avant la déclaration de Draghi.

Les Etats-Unis ne peuvent pas gagner la guerre commerciale dans un monde qui se démondialise et avec un dollar fort

En tant qu’investisseur, Jakobsen est un fan du dollar américain depuis de nombreuses années. Il en arrive maintenant à la conclusion que l’Amérique a besoin d’un dollar plus faible si elle veut gagner la guerre commerciale dans un monde qui se démondialise.

La baisse du dollar aidera non seulement les exportations américaines, mais aussi les économies émergentes, la croissance économique et les liquidités. Il serait difficile de se méprendre sur les commentaires de Trump. Son gouvernement visera un dollar plus faible. Ceci par des interventions verbales et/ou en forçant la FED à baisser les taux d’intérêt de 1 %, voire plus.

Les signaux venant de la FED indiquent qu’elle est prête à adopter des taux d’intérêt nuls. Ajoutez à cela le fait que Trump est en mode réélection. Et aussi, qu’il mesure le succès de sa politique sur la base de l’état des marchés boursiers. (Le Dow a gagné plus de 300 points cette semaine après un tweet de Trump dans lequel il déclarait avoir téléphoné à Xi Jinping et que les deux hommes se rencontreraient au Japon plus tard ce mois-ci.) Il n’a donc pas d’autre choix que d’utiliser le dollar « comme une arme ».

Les calculs de The Economist (Big Mac Index) montrent que la plupart des devises sont actuellement sous-évaluées par rapport au dollar.

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