Trump aux alliés : “Payez pour les militaires américains basés sur votre sol”

Les pays qui ont des soldats américains stationnés sur leur sol pourraient payer désormais pour cette présence militaire à l’avenir. C’est en effet le souhait du président américain Donald Trump, rapporte Bloomberg.

Le président américain Donald Trump s’est longtemps plaint du fait que les pays alliés qui hébergent des bases américaines ne payaient pas suffisamment pour leur prise en charge. Il souhaite désormais corriger cet état de choses.

Un quintuplement potentiel de la note

Washington étudie actuellement de facturer au mois 50 % des coûts induits par la présence militaire américaine dans des pays tels que la Corée du Sud (qui héberge pas moins de 28.000 militaires américains) le Japon, l’Allemagne, et tout autre pays hébergeant des bases militaires américaines. Par exemple, l’Allemagne paie maintenant environ 28 % du coût des troupes américaines stationnées sur son territoire, soit un milliard de dollars par an. Pour certains de ces pays, cela impliquerait une multiplication par 5, voire 6 des sommes qu’ils reversent déjà aux Etats-Unis.

L’administration Trump y voit une étape nécessaire pour amener les alliés de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) à augmenter leurs dépenses militaires. Le président américain se vante d’avoir déjà permis une augmentation de leurs contributions, mais il s’agace de la lenteur de cette évolution.

Une bombe dans les ministères de la Défense concernés

Néanmoins, certains officiels américains ont souligné que cette possibilité n’était que l’un des différents projets à l’étude pour amener les alliés à participer davantage à l’effort de défense collectif, et qu’elle pouvait être revue à la baisse.

Mais la nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans les différents ministères de la Défense des pays alliés. Depuis l’accession de Trump à la présidence américaine, de nombreux alliés des Etats-Unis en Asie et en Europe doutent du désir de Trump de maintenir la tradition de défense militaire américaine.

En outre, la mesure risque d’intensifier le débat sur la nécessité d’une présence militaire américaine dans certains pays. En Allemagne et au Japon, notamment, une partie importante de la population conteste déjà la présence des bases militaires américaines.

Forcer les pays à s’aligner strictement sur la politique étrangère américaine

Selon plusieurs experts et membres de l’administration américaine, cette mesure aurait aussi pour objectif de forcer les alliés des Etats-Unis à soutenir la politique étrangère américaine. Ainsi, le Pentagone plancherait sur deux calculs : le premier serait celui de la prise en charge d’une partie des coûts des militaires américains, et le second serait un taux de réduction s’appliquant aux pays prêts à aligner strictement leur politique étrangèe sur celle des Etats-Unis.

Un risque pour les Etats-Unis

Les critiques soulignent que les promoteurs de ces projets semblent oublier que les bases militaires américaines à l’étranger comportent des avantages pour les Etats-Unis. « Le fait même de soulever cette question alimente un discours mal informé selon lequel ces installations sont là pour le bénéfice de ces pays. La vérité, c’est qu’elles ont été mises en place et que nous les entretenons parce qu’elles sont dans notre intérêt. », souligne Douglas Lute, ancien ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN.

En effet, l’Allemagne abrite le centre médical régional de Landstuhl et la base aérienne de Ramstein, par exemple. Landstuhl est un établissement médical de classe mondiale qui soigne les soldats américains blessés sur les champs de bataille du monde entier. C’est également en Allemagne que le siège du US Africa Command a été installé. « Il serait difficile d’estimer combien l’Allemagne devrait payer pour ces bases, qui servent bien d’autres intérêts », écrit Bloomberg.

Beaucoup de pays, qui ne sont pas attachés à la présence de troupes américaines sur leur sol, risquent de refuser de payer, ce qui pourrait en fin de compte poser un problème pour les Etats-Unis, estime Jim Townsend, un ancien responsable du Pentagone qui a aussi été officiel de l’OTAN.

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