Trump peut-il parvenir à un accord avec l’Iran ?

Le président américain Donald Trump aime se présenter comme le « master-dealmaker ». Mais s’il a mis des choses en place sur le plan national, son bilan dans le domaine de la politique étrangère américaine est bien moins reluisant.

  • Le dirigeant chinois Xi Jinping a été élevé au rang d’ennemi n°1 vendredi dernier – avec le président de la FED, Jerome Powell. Trois jours plus tard, Xi était à nouveau « un grand leader ». Pourtant, il semble peu probable que Xi fasse de grandes concessions à Trump. Après tout, il y a une chance que l’Amérique soit dirigée par quelqu’un d’autre d’ici 17 mois.
  • Un autre ami de Donald Trump est le dictateur nord-coréen Kim Jong-un. Depuis mai, il a lancé 15 fusées, dont six le mois dernier. L’influence de Trump sur ‘Rocket Man’ semble donc s’atténuer.
  • Le président américain a eu plus de succès avec le Mexique. Il a mis fin à l’accord commercial conclu dans le cadre de l’ALENA et négocié un accord plus favorable pour les États-Unis. Le problème est que les démocrates n’accordent pas de victoire politique à Trump et font tout ce qui est en leur pouvoir pour retarder la ratification de l’accord par la Chambre des représentants.

Iran : quelles sont les chances d’un « accord » avec les Etats-Unis ?

Last but not least, il y a l’Iran. Le ministre des Affaires étrangères de ce pays s’est présenté de manière totalement inattendue le week-end dernier en marge du sommet du G7 à Biarritz. Une surprise pour Trump, qui lui a été offerterf par son homologue français Macron.

Contre toute attente, Trump s’est abstenu de toute critique et a déclaré qu’il était « disposé à renégocier l’accord nucléaire qu’il a rejeté en 2017 sans conditions prédéterminées ».

Trump espère être en mesure de présenter une version améliorée de l’accord négocié par son prédécesseur Obama en 2015 à l’électorat américain d’ici 2020.

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BUREAU DE PRESSE DU PRESIDENT DU SUPREME IRANIEN – DOCUMENT / Agence Anadolu / Getty Images

Les chances d’un accord sont… minimes 

Les chances qu’un tel accord soit conclu sont minimes pour les raisons suivantes :

  • Trump a déjà annoncé à plusieurs reprises son intention de rencontrer le président iranien Rouhani. Mais le régime de Téhéran a rejeté cette idée. Parce que les Etats-Unis mènent « une guerre économique » contre l’Iran. Comme ce n’est pas Rouhani, mais l’ayatollah Khamenei est le chef en Iran et qui ne veut rien savoir sur les Américains, la marge de manœuvre de Rouhani est limitée.
  • Rouhani n’exige rien de moins que la levée totale des sanctions économiques comme condition sine qua non de la tenue d’un tel sommet. Pour Washington, ce n’est pas négociable. (En attendant, le ministre des Affaires étrangères iranien a déclaré qu’une photo de Trump et Rouhani se serrant la main ne sera possible que dans Photoshop.)
  • Le cabinet de Trump se compose principalement de faucons. Ils veulent continuer à exercer une « pression maximale » sur Téhéran. Pire encore, des gens comme Bolton et Pompeo sont partants pour une guerre depuis le début.
  • L’économie iranienne traverse une période difficile et ne respecte plus [certaines parties de] l’accord, quelle que soit la position actuelle des autres signataires (Russie, Chine, Royaume-Uni, France, Allemagne et UE).
  • Enfin, il y a le facteur Israël. L’Etat juif farouchement opposé à tout rapprochement diplomatique entre Trump et l’Iran. La relation entre Trump et Netanyahou est exceptionnellement bonne. A tel point que l’ex-gouvernement de Netanyahou considère le retrait de l’accord de l’Iran par le gouvernement Trump comme l’une de ses plus grandes victoires en termes de politique étrangère. Mais se souvenant de son passé de télé-réalité, les Israéliens ont peur d’un possible sommet entre Trump et Rouhani. Pourquoi ? Hormis quelques séances photos, la récente exhibition des rencontres entre Trump et le dictateur nord-coréen Kim Jong-un n’a donné d’autre que le dédouanement politique d’un méchant. La pression sur le régime iranien pourrait également retomber après un sommet aussi hypothétique, craint-on à Jérusalem.

See you in New York ?

Il faut maintenant attendre la réunion annuelle des Nations Unies, le mois prochain à New York. Outre Rouhani et Trump, le président français Emmanuel Macron sera également présent sur place. Une rencontre impromptue reste également possible là-bas. La question de savoir si Netanyahou se rendra à New York ce jour-là dépendra des élections israéliennes. Ces élections doivent avoir lieu 10 jours plus tôt.

Il y a beaucoup en jeu pour Trump. Un succès avec l’Iran pourrait déjà accroître sa crédibilité auprès des électeurs indépendants. En raison de son style et de son sens du spectacle permanent, ils n’arrêtent pas de se demander s’il n’a pas l’étoffe d’un homme d’État, malgré tout.

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