Toujours plus d’Européens achètent des armes. Les Belges aussi

La possession d’armes augmente dans toute l’Europe, pour partie en raison de la montée du sentiment d’insécurité après les récentes attaques terroristes. Jusqu’alors le Vieux continent était l’une des régions les moins affectées par la criminalité et la violence du monde. 

L’Europe ne compte que pour 10 % des 857,3 millions d’armes à feu détenues par des particuliers dans le monde, une proportion bien moindre que celles des Etats-Unis et de l’Amérique latine. Entre 2007 et 2017, cette détention a globalement augmenté de 32 %, montrent les travaux de l’institut de recherche genevois Small Arms Survey.

Une détention qui progresse, en dépit des exigences élevées pour l’obtention des permis

Toutefois, cette détention progresse très rapidement en Europe, en dépit des législations très strictes. Dans la plupart des pays européens, les permis de port d’armes ne sont délivrés qu’à des personnes dont on examine très scrupuleusement les antécédents, et qui doivent se soumettre à une certaine surveillance pour leurs sessions de tir, et à des tests réglementaires.

De plus, en Belgique, en France et en Allemagne, la plupart des armes enregistrées ne peuvent être utilisées que dans des clubs de tir, et les permis pour les armes destinées à être utilisées dans d’autres contextes sont très difficiles à obtenir. Pour obtenir un permis de détention d’arme en Belgique, il faut passer des tests de tir et de théorie pendant quasiment une année, et se soumettre à des tests psychologiques. 

Mais désormais, on recense 44,5 millions d’armes non enregistrées en Europe, contre 34,2 millions d’armes enregistrées. Une grande partie de ces armes illégales proviennent d’anciennes zones de conflit, et en particulier d’ex-Yougoslavie ; une autre partie est achetée illégalement sur Internet. Un récent rapport de Rand Corp. affirme même que l’Europe est devenue le plus gros marché d’armes à feu du « dark web », et que les recettes issues de ces activités sont 5 fois plus importantes qu’aux Etats-Unis. 

La situation en Belgique

En conséquence, les statistiques des polices de France, d’Allemagne et de Belgique font été d’une augmentation de la violence liée aux armes à feu depuis 2015. Nils Duquet, un chercheur de l’Institut flamand pour la Paix, indique que les armes à feu illégales sont souvent impliquées dans les braquages, tandis que l’on emploie plus volontiers leurs équivalentes légales pour les suicides, ou la violence domestique. 

Dans notre pays, on constate une forte hausse du nombre des adhésions aux clubs de tir, et du nombre des demandes de permis sur les 3 dernières années. Ces dernières ont presque doublé après les attentats terroristes de Paris et de Bruxelles. « C’est une indication claire des raisons qui motivent les gens à les acquérir », souligne M. Duquet. En Allemagne, le nombre d’armes enregistrées légalement a augmenté de près de 10 % en cinq ans, et on en recensait 6,1 millions en 2017. Entre 2012 et 2017, le nombre de permis pour le port d’armes destinées à être utilisées hors des clubs de tir a plus que triplé, pour atteindre 9285.

De même, le nombre de permis accordés pour les armes à air comprimé, celles qui projettent des balles à blanc ou des gaz lacrymogènes, dont l’effet est en général dissuasif, mais non mortel, a presque doublé en 3 ans, et se montait à 557 560 à la fin de l’année 2017.

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