Tim Cook (Apple) fait la leçon à Facebook, mais est-il le mieux placé ?

Interrogé dans le cadre d’une émission qui sera diffuséeaux États-Unis la semaine prochaine, Tim Cook, le CEO d’Apple, est revenu surle scandale de la collecte massive de données personnelles opérée de façon illégalepar Cambridge Analytica, par l’entremise de Facebook. Il a réitéré que sonentreprise n’avait pas fait les mêmes choix que Facebook et qu’elle ne s’enrichissaitpas en exploitant les données personnelles. Mais est-ce exact?

Mercredi, le CEO d’Apple, Tim Cook, qui était interrogé par des journalistes de Recode et MSNBC, a déclaré que son entreprise aurait pu elle aussi « gagner des tonnes  d’argent » en vendant les données de ses clients et en faisant d’eux « le produit ». Mais il a expliqué que contrairement à d’autres entreprises, Apple n’avait pas fait le choix de monétiser les données des utilisateurs :

« Nous n’allons pas faire du trafic dans votre vie privée. Pour nous, la vie privée est un droit humain, une liberté civile ».

Cook a affirmé que toute application qui était proposée sur l’App Store était vérifiée sous toutes ses coutures pour vérifier la portée exacte de son utilisation par les clients : « Nous vérifions chaque application en détail », a-t-il dit. 

Au cours de la même interview, la journaliste de Recode a demandé à Cook ce qu’il ferait s’il était à la place de Mark Zuckerberg, le CEO de Facebook, actuellement :

« Ce que je ferais ? Je ne serais pas dans cette situation… nous ne voulons pas du porno dans notre App Store. Nous ne voulons pas des discours de haine dans notre App Store. Nous ne voulons pas de la capacité à recruter des terroristes dans notre App Store.

Se distancier des plateformes de l’internet

Apple a ainsi cherché une nouvelle fois à prendre sesdistances avec les autres sociétés des technologies. Ce n’est d’ailleurs pas lapremière fois que Cook établit une telle distinction entre le business model d’Appleet celui des plateformes de l’internet (« engloutir tout ce qu’ils peuventapprendre à propos de vous et tenter de le monétiser », selonses propres mots prononcés lors de la conférence EPIC Champions of Freedomde Washington en 2015). C’est d’ailleurs Tim Cook lui-même qui avait posté sur la section « vie privée »du site d’Apple le message suivant en septembre 2014 : « Quand un service en ligne est gratuit, vous n’êtes pas le client. Vousêtes le produit ».

Cela lui est d’autantplus facile, qu’à la différence de la plupart d’entre elles, elle vend aussi dumatériel, des logiciels et des services. La publicité n’est donc pas son cœur d’activité.

Apple s’érige en donneur de leçons…

« Apple est devenu l’entreprise avec la plus grossevalorisation du monde sans avoir le besoin de siphonner les donnéespersonnelles de ses clients. S’ériger en donneur de leçons et déclarer que lavie privée est un « droit humain », à un moment ou Facebook est dans latourmente pour avoir laissé fuiter les données personnelles de 50 millions d’utilisateursressemble donc à une décision facile », écrit Richard Waters dans le FinancialTimes.

…Mais elle profite aussi de l’exploitation des données personnelles

« Un tel discours ferait presque oublier qu’Applebénéficie elle aussi, quoiqueindirectement, des recettes publicitaires provenant de l’exploitation desdonnées de ses utilisateurs. En effet, le moteur de recherche par défaut de l’iPhoneest celui de Google, et l’année dernière, cette dernière a rétribué 3 milliardsde dollars (environ 2,4 milliards d’euros) au titre des recettes publicitaires ainsi générées. D’après lescalculs d’un analyste, cela signifie qu’environ 50 milliards de dollars de lavaleur de marché d’Apple (environ 40 milliards d’euros) proviennent de Google.

En revanche Apple n’a conclu aucun accord avec Facebook, etde ce fait, le réseau social ne lui rétrocède rien.

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