Un dirigeant de l’OCDE : “Le système [financier] part dangereusement à la dérive et je vois plus de danger aujourd’hui qu’en 2007”

Dans une interview télévisée de six minutes, White énumère une série de préoccupations :

« Le système [financier] part dangereusement à la dérive. La situation est similaire à 2008, mais je vois plus de danger aujourd’hui qu’en 2007 », a dit William White, ancien économiste en chef de la BRI (Banque des règlements internationaux), dans une interview avec Bloomberg TV. White était il y a 10 ans, l’un des rares banquiers à avoir mis en garde contre la menace posée par le système financier occidental.

Aujourd’hui, il préside le Comité d’examen des situations économiques et des problèmes de développement de l’OCDE, une coopération de 35 pays qui étudient et coordonnent des politiques économiques et sociales.Selon White, les prix sont très élevés, en particulier sur les actifs à fort rendement ; la cote des actions est en hausse, les prix de l’immobilier augmentent fortement dans plusieurs pays, et l’indice VIX est faible. L’indice VIX est un indicateur de la volatilité sur les marchés financiers. On le surnomme aussi « indice de la peur ».

« Toutes ces questions sont une source de préoccupation »

« Toutes ces questions sont une source de préoccupation. Nous n’avons aucune certitude, tout pourrait bien se passer, mais je pense que nous sommes confrontés à des dangers ».

  • L’Inde et la Chine ont toutes deux accumulé d’énormes dettes. En Inde, il y a aussi des problèmes de gouvernance, y compris dans les banques d’État. Les problèmes de la Chine, mais de plus, la croissance du crédit est débridée en Chine.
  • Selon White, il faut tenir compte du fait que certains de ces prêts ne seront jamais remboursés. « Nous avons un problème de règlement de la dette, un problème d’insolvabilité. La vérité, c’est que seuls les gouvernements peuvent s’attaquer à un problème tel que celui-ci, ce n’est pas à la portée des banques centrales », dit-il.
  • Selon l’économiste, le monde a besoin de plus d’expansion budgétaire (c’est-à-dire de relance budgétaire), et celle-ci doit être accompagnée de réformes structurelles, mais aussi d’abandons de créances (annulations de dettes). En outre, un certain nombre d’institutions financières devraient être recapitalisées.

Toujours selon l’ancien économiste en chef de la BRI, dans de nombreux pays, on observe un déséquilibre croissant entre les fruits du travail et les fruits du capital.

Les banques centrales doivent resserrer leur politique monétaire (cesser d’injecter de l’argent), mais elles doivent le faire avec prudence. Finalement, il a adressé la mise en garde suivante :

« Maintenant, c’est chacun pour soi, et personne ne sait ce quelles seront les conséquences de tout ceci à long terme. »

« Un tsunami de défaillances et de faillites »

L’année dernière, White avait déjà sonné l’alarme concernant l’accumulation des dettes au cours des 8 dernières années. L’endettement a atteint de tels niveaux dans le monde entier qu’il pose désormais des risques très sérieux, et notamment la possibilité qu’une cascade de défaillances et de faillites déferle sur le monde, contribuant à le déstabiliser. Là aussi, White avait pointé le risque posé par les défaillances de prêts :« Lors de la prochaine récession, il sera de plus en plus évident qu’une partie de ces dettes ne seront jamais remboursées, et cela sera très inconfortable pour beaucoup de gens qui pensent que leurs actifs valent quelque chose ».

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