“Resserrer quelques vis dans l’appareil de Bruxelles ne suffira pas”

“Pointer d’un doigt une partie de [la classe politique allemande] à Berlin en croyant tout savoir est certainement moins productif qu’une politique intelligente destinée à rééquilibrer les intérêts. […] Plutôt que catégoriser les gens en “bons” ou “mauvais” Européens, nous devrions prendre en compte le fait qu’une Union encore plus étroite des pays européens n’est pas un objectif que tous les États membres partagent au même degré.”

Cette déclaration, c’est celle que le ministre des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas, a faite dans le cadre d’un discours donné lors de la conférence organisée à Berlin par Pulse of Europe, une initiative citoyenne pro-européenne, créée après le vote en faveur du Brexit. 

La ligne de démarcation entre la loyauté à l’égard de certains principes et l’entêtement est parfois mince

Maas a défendu l’idée d’une réconciliation des pays membres :

“Nous ne pouvons pas permettre que l’Europe se désintègre pour former des groupes séparés, ou qu’elle établisse de nouvelles frontières. Nous devons panser les blessures qui sont apparues au cours de ces dernières années dans notre Union, entre le Nord et le Sud, et l’Ouest et l’Est. (…)

L’Allemagne doit aussi démontrer sa flexibilité pour que cela puisse se produire. La ligne de démarcation entre la loyauté à l’égard de certains principes et l’entêtement est parfois mince, en particulier parfois ici, en Allemagne. Nous devons aussi apprendre à regarder l’Europe davantage avec les yeux des autres Européens pour comprendre l’idée européenne”, a-t-il ajouté. 

A propos du rôle de l’UE dans le monde, Maas a déclaré: “Cet ordre mondial que nous connaissions, et auquel nous étions accoutumés, et nous sentions parfois à l’aise, cet ordre mondial n’existe plus. Les vieux piliers de la fiabilité croulent sous le poids de nouvelles crises et des alliances qui remontent à des décennies sont remises en cause en un instant, le temps nécessaire pour écrire un tweet ». 

La malédiction de l’unanimité

Maas a également exprimé son souhait de mettre fin à la “malédiction de l’unanimité” concernant le processus décisionnel de l’UE. Il a qualifié ce processus d’“invitation patente pour les puissances étrangères à nous diviser et à utiliser le potentiel des Etats membres individuels pour imposer des blocages”.

“Une suggestion serait que le Conseil Européen définisse les dossiers prioritaires sur lesquels une décision pourrait être prise immédiatement sur la base d’un vote majoritaire et qu’il le fasse dès que possible. (…)

[Dans un monde radicalisé par le nationalisme, le populisme et le chauvinisme,] l’Europe doit réagir, non en se contentant de resserrer quelques  vis dans l’appareil de Bruxelles, mais en changeant sa propre mentalité. (…) Pour inspirer un nouvel enthousiasme pour l’Europe, il ne suffira pas d’invoquer à l’envi notre histoire, le courage et la vision des fondateurs de l’Europe. Nous devons rendre cela tangible, ici et maintenant que nous avons besoin d’encore plus d’Europe, et non pas moins, surtout maintenant !”, a plaidé Maas.

Le ministre allemand a finalement salué l’initiative française pour la création d’une force d’intervention européenne, mais estime que le Royaume-Uni devrait également être invité à la rejoindre, en dépit du Brexit.

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