Qu’est-ce que la Banque centrale européenne et quel est son rôle?

La BCE est la principale institution monétaire de l’Union européenne. Elle définit la politique monétaire de la zone euro.

Décriée pour son rôle de la crise de la dette, la Banque centrale européenne (BCE) est au cœur du système monétaire européen. Mais d’où vient-elle, à quoi elle sert et quel est son mode de fonctionnement? C’est ce que nous allons résumer ici, le plus clairement possible.

La Banque centrale européenne est née le 1er juin 1998 sur base d’un modèle fédéral. Elle a préparé la venue de l’euro, monnaie qu’elle est chargée d’émettre en tant que devise commune et unique de l’Union économique et monétaire. Cette politique a été mise en place dès 1990 en vue de rapprocher les économies de l’Union européenne et aboutira, à terme, sur la zone euro.

On compte 19 États membres dans la zone euro: l’Allemagne, l’Autriche, la Belgique, Chypre, l’Espagne, l’Estonie, la Finlande, la France, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, la Lettonie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, le Portugal, la Slovaquie, la Slovénie et la Lituanie. Parmi les pays de l’UE lors de la création de l’euro, le Danemark, le Royaume-Uni et la Suède ont demandé un opt-out. Ils ont décidé de ne pas participer à la monnaie unique. Reste 6 pays sur les 28: ils décideront d’intégrer la zone euro dès que les critères de convergence économique auront été remplis. 

Le président de la BCE est l’Italien Mario Draghi. Il a été le Vice-président pour l’Europe de Goldman Sachs entre 2002 et 2005. Le siège de la BCE est situé à Francfort. 

Rôles

La Banque centrale européenne (BCE) a un triple rôle: elle est, comme on l’a vu, chargée d’émettre l’euro. Elle doit définir les grandes orientations de la politique monétaire de la zone euro et prendre des décisions qui doivent les mettre en pratique. Concrètement: maintenir le pouvoir d’achat et la stabilité des prix dans la zone euro. 

La BCE est également au cœur de ce qu’on appelle l’Eurosystème et du système européen des banques centrales. L’Eurosystème regroupe la Banque centrale européenne et les banques centrales nationales (BCN) des membres de l’Union européenne qui ont adopté l’euro. Les banques centrales nationales voient ainsi plusieurs de leurs fonctions être transférées vers la BCE: l’émission de monnaie et la politique monétaire. 

Le Système européen de banques centrales (SEBC) regroupe lui la BCE et toutes les BCN de l’Union européenne, même celles issues de pays n’ayant pas adopté l’euro. Elles continuent toutefois à conserver leur autonomie propre concernant leur politique monétaire nationale. 

Le traité de Lisbonne (2009) vient apporter encore un peu plus de légitimité à la BCE. Elle est désormais dotée d’une personnalité juridique et doit veiller à maintenir la stabilité des prix. Elle a aussi des objectifs d’emploi et de croissance non inflationniste. 

Concernant son rôle dans l’Eurosystème, la BCE conduit également la politique de change dans la zone euro, elle détient aussi les réserves de change des États membres, la BCE assure le bon fonctionnement des systèmes de paiement (procédures bancaires et de systèmes interbancaires) et elle supervise les principales banques de la zone euro via un mécanisme de surveillance unique. 130 banques sont concernées. Ce rôle a été créé suite à la crise bancaire et financière de 2008.

La BCE veille aussi à contrôler le système de crédit et la stabilité du système financier. Elle a enfin un rôle de consultance pour les pays membres qui se poseraient des questions en termes de droit communautaire ou national. La BCE collecte également des informations statistiques.

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Fonctionnement

Le capital de la BCE est de 10,76 milliards d’euros en plus d’une réserve de change de 40 milliards d’euros. Les BCN sont les seules à pouvoir détenir le capital de la BCE. Le processus de décision s’organise autour de deux organes: le Conseil des gouverneurs et le Directoire. La répartition du capital entre les BCN se fait en fonction du PIB de chaque État membre. 

La BCE reste toutefois une institution indépendante par rapport aux autres institutions européennes et aux États membres. Ils ne peuvent influencer les décisions de la BCE. En contrepartie, la BCE se doit également de ne pas interférer dans les politiques nationales et communautaires, en dehors de ses compétences. La BCE bénéficie aussi de ses ressources propres issues de sa politique monétaire. Nous verrons par la suite que la BCE a une énorme influence sur la politique des États (cfr la crise grecque).

La BCE doit toutefois rendre des comptes au Parlement européen et dans une moindre mesure à la Cour des comptes européenne. L’institution reste toutefois peu transparente et le contrôle démocratique y est faible. Elle doit toutefois remettre un rapport annuel devant le Parlement, elle fait l’objet d’auditions et de questions parlementaires. Le Parlement procède aussi à un contrôle des nominations des membres du directoire. La Banque centrale européenne peut enfin être attaquée en juste auprès de la Coup de justice de l’UE.

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Critiques

La BCE a mauvaise presse. D’abord, car elle communique mal et fait preuve de peu de transparence. C’est ensuite sa politique de taux zéro, voire négatif. L’Allemagne a peur pour l’argent de ses retraités. C’est aussi toute la politique de crédits qui en est affectée. 

Les critiques se cristallisent aussi sur la croissance molle que connait l’Europe ces dernières années, ainsi que l’inflation, pas assez importante au regard des marchés. La BCE a concentré la plupart des critiques après deux crises majeures qui ont secoué le Vieux Continent: la crise financière et bancaire de 2008 et la crise de la dette dans la zone euro en 2010

Replongeons-nous 10 ans en arrière. La chute de la banque d’affaires Lehman Brothers secoue les marchés. Les États européens craignent un effet domino et volent au secours des banques et de la finance, sous forme de garanties, d’achats d’actifs et même de nationalisation. Entre 2008 et 2010, 950 milliards d’euros d’argent public sont injectés dans le secteur financier européen. La BCE fait tourner la planche à billets.

De cette crise est née une grande purge dans le secteur bancaire. Souvent au détriment des employés, parfois des clients. Les banques décident de se recentrer autour de leurs activités premières et se séparent de leurs actifs à risque. Les banques sont désormais moins volumineuses et moins dépendantes l’une de l’autre. Chacun tente d’assurer ses arrières, avec une certaine réussite, à défaut de remise en question profonde du système.

Mais la crise bancaire et financière n’est pas terminée qu’une autre crise pointe à l’horizon. Il s’agit de la crise de la dette. En particulier la dette grecque qui met toute la zone euro en panique. Le déficit public de la Grèce se creuse d’année en année. Les politiques publiques, désastreuses, ne parviennent pas à endiguer la crise bancaire qui fait plonger les finances publiques.

Pour ne rien arranger, dès l’automne 2010, la crise de la dette publique de l’Irlande vient s’ajouter à celle de la Grèce. Elle a été provoquée par le sauvetage des banques nationales. L’Irlande était très dépendante des marchés sur le plan mondial. Durant l’été 2011, les marchés s’effondrent, l’Europe est dans le dur. Le Portugal, l’Espagne, l’Italie, Chypre et même la France paniquent.

Sur le cas grec, les partenaires européens, et en particulier l’Allemagne, ne veulent pas payer pour les autres. En tout cas pas sans garanties. La Grèce est contrainte d’établir des plans d’austérité et d’assainissement de ses finances si elle veut recevoir de l’aide de la BCE. La Grèce se voit imposer des réformes, notamment le droit du travail. L’ingérence de la BCE est fortement critiquée, elle sort clairement de son rôle à ce moment-là.

Pour tout comprendre sur le rôle de la BCE durant la crise de la dette, on vous conseille cette vidéo

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