Quel est le rôle des syndicats à l’ère de l’automatisation ?

Pour les syndicats,l’automatisation est à la fois une opportunité et une menace, écrit Sarah O’Connor, dans le journal économique britannique FinancialTimes.  

Selon la journaliste,l’automatisation est un sujet brûlant parmi les syndicats et àjuste titre. De nombreuses études indiquent que les nouvellesavancées en matière de robotique et d’intelligence artificielleautomatiseront ou modifieront une quantité importante d’emplois aucours des prochaines décennies.

Cesprévisions varient énormément quant à l’ampleur de l’impact del’automatisation, explique O’Connor. « Toutefois, il n’est plus possible d’ignorerles changements que les syndicalistes commencent déjà à observerdans les ateliers », écrit-elle.

Lutte

Nous assisterons à une luttequi profitera aux patrons ou aux travailleurs, explique lajournaliste. « Mais l’automatisation pourrait être égalementune opportunité pour les syndicats. Après des décennies de déclindu nombre de membres parmi les syndicats dans les pays développés,l’automatisation pourrait être l’occasion de recruter de nouveauxmembres et de démontrer la valeur des syndicats à la prochainegénération. »

L’automatisation neconstitue pas un nouveau défi pour le mouvement syndical. Ils’agissait d’un sujet important dans les années 50 lorsque l’onévoquait l’apparition des premiers ordinateurs électroniques.

Dans une brochure publiéeen 1956, le syndicat britannique Trade Union Congress (TUC) a adoptéune approche résolument optimiste à ce sujet. « L’automatisationoffre la perspective d’une rémunération plus élevée, de plus deloisirs et d’un travail plus sain et moins exigeant »,affirmait le TUC. Cependant, l’organisation avait souligné que lessyndicats devraient veiller à ce que les avantages d’uneproductivité accrue soient également partagés avec lestravailleurs.

« Ces prescriptionsde 1956 ressemblent fortement à celles avancées par de nombreuxsyndicats en 2018 », écrit O’Connor.

« À mesure que lesnouvelles technologies se développent, tout le monde devraits’enrichir », a déclaré Frances O’Grady, secrétaire généraledu TUC, dans son discours au Congrès des syndicats cette année. « Nous exigeons des actions équitables. Cela veut dire dessalaires plus élevés, moins d’heures de travail et plus de tempsavec nos proches. »

« Au 19ème siècle,les syndicats ont lutté pour la journée de huit heures. Au 20ème,nous avons obtenu le droit à un weekend de deux jours et à descongés payés. Alors, pour le 21ème siècle, ayons à nouveaud’autres ambitions. Je pense que durant ce siècle, nous devonsobtenir la semaine de travail de quatre jours et un salairedécent pour tout le monde. »

Suède

En Allemagne, le syndicatIG Metall est parvenu à conclure un nouvel accord donnant auxemployés la possibilité de réduire la semaine de travail de 35 à28 heures, tout en conservant le droit de reprendre ultérieurementdes heures de travail plus longues. IG Metall a qualifié l’accord de « jalon sur la voie menant à un monde du travail moderne etautodéterminé. »

En Suède, les employeurset les syndicats offrent un soutien intensif et une reconversionprofessionnelle aux travailleurs licenciés. Le système semblefonctionner, précise Sarah O’Connor. Dans ce pays, environ 90% destravailleurs déplacés sont réembauchés au bout d’un an, contreenviron 30% en France et au Portugal, selon des données de l’OCDE.Les employeurs suédois estiment que le système en vaut la peine carles travailleurs et les syndicats sont moins réticents auxlicenciements nécessaires, ce qui permet à l’économie de sedévelopper plus facilement au fil du temps.

« Les syndicats avecun nombre élevé de membres et des relations constructives avec lesemployeurs tels que ceux des pays scandinaves sont ceux qui ont leplus confiance dans les avantages de l’automatisation pour lestravailleurs », affirme O’Connor. « Les Français ontcependant une vision beaucoup plus sombre. »

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