Le PS commet exactement la même erreur qu’en 2014 : ne pas inclure la MR à l’échelle régionale conduira le gouvernement fédéral à une impasse

Le PS semble avoir perdu ses pédales 15 jours après les élections. Paul Magnette veut absolument exclure le MR de Wallonie, Laurette Onkelinx garde également la porte fermée pour les libéraux à Bruxelles. De plus, les déclarations de Magnette détruisent complètement la mission des informateurs Johan Vande Lanotte (sp.a) et Didier Reynders (MR) au niveau fédéral. Rien ne va va plus.

Mathématiquement, le PS a peu de choix en Wallonie. Le cdH a jeté l’éponge, le parti de Maxime Prévot opte pour l’opposition. Le PTB de Raoul Hedebouw est venu au rendez-vous à quelques reprises, mais a ensuite claqué la porte de manière assez spectaculaire. Hedebouw, RTBF et RTL ont parlé des « négociations factices » du PS lors d’une conférence de presse à la une des nouvelles de la Belgique francophone à sept heures. Paul Magnette se tenait un mètre plus loin, juste à l’écart, écoutant et même commentant.

«Regardez, c’est le PS maintenant. Ils pensent apparemment qu’ils peuvent venir dire à Raoul Hedebouw ce il devrait dire », a ricané le membre du PTB à Magnette en direct dans les actualités.

Juste pour dire : cela n’arrivera pas avec le PTB, pas même sous la forme d’un gouvernement minoritaire. Et puis il n’y a en fait qu’une seule formule : avec les libéraux de Charles Michel. Mais Magnette n’en veut pas du tout. Il continue d’insister sur une formule minoritaire, car le PS et Ecolo ne manquent que de quelques sièges ensemble. La cdH pourrait apporter ce soutien de l’opposition. Tout cela pour ne pas avoir à suivre les libéraux. C’est étrange, car les discussions entre le rouge et le bleu ne se sont pas mal passées en Wallonie : les chiffres et les grandes lignes du budget avaient même été discutés.

A Bruxelles, Onkelinx veut être à gauche

Mais à Bruxelles aussi, un scénario se dessine dans lequel les libéraux sont mis à l’écart. Là-bas, Laurette Onkelinx (PS) et Rudi Vervoort (PS) négocient au nom des socialistes. Et le PS s’y voit déjà avec Ecolo et DéFI. Il n’y a pas de place pour le MR.

Ce n’est pas une coalition illogique. Entre le PS et le cdH, il y a eu une rupture dans la précédente législature à Bruxelles, les chrétiens-démocrates ont tenté de renverser le PS. Donc, plus jamais avec eux. Mais les libéraux semblent être dans une position difficile pour le PS, qui préfère simplement créer une coalition de gauche forte. Et certainement avec Ecolo, qui ne veut pas travailler avec le MR.

Ce qui met le PS sur une trajectoire de collision avec le MR. Et cela peut avoir des conséquences majeures au niveau fédéral. Parce que c’est un déni de la position des libéraux francophones. Ils sont en réalité fédéraux et wallons, nécessaires pour le PS. De plus, tout scénario sans la N-VA doit être fédéral avec les libéraux, de sorte que les socialistes francophones devront franchir une porte avec Charles Michel.

Plus de pilote dans le cockpit

Elio Di Rupo PS
Elio Di Rupo – Epa

Mais le fait que Magnette et Onkelinx forcent est une preuve supplémentaire qu’il n’y a plus de pilote dans le cockpit du PS. Elio Di Rupo a été battu hier par Magnette, qui, tout seul, a plaidé pour un « gouvernement d’urgence » à la télévision au niveau fédéral. Cela va à l’encontre de tout pouvoir discrétionnaire en matière de négociations, mais c’est surtout une répétition de l’argument avancé par Elio Di Rupo le lendemain des élections. Et c’est impraticable pour presque tous les partis flamands, à moins qu’il ne soit d’abord clairement démontré que la N-VA ne veut pas participer.

En 2014, le PS, à l’époque avec Di Rupo en tête, avait déjà commis la même erreur avec le MR. Ils ont ensuite écarté agressivement les libéraux francophones et formé des coalitions sans eux à Bruxelles et en Wallonie. Le résultat fut la naissance de la coalition suédoise: un contre-mouvement que le PS n’avait pas vu venir. En rejetant maintenant le MR au niveau régional, ils sont en train de faire sauter immédiatement toute coalition viable à l’échelle fédérale.

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