Poutine a reçu le Moyen-Orient en cadeau

Cinq jours après le départ des États-Unis en Syrie, le président russe Poutine s’est imposé comme le nouveau décideur de la région. Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan sont parvenus mardi à un accord sur le futur équilibre du pouvoir en Syrie.

On peut en conclure que Poutine remporte une grande victoire et est maintenant récompensé pour son soutien au dictateur syrien Bashar al-Assad. La Russie devient ainsi de facto la seule puissance régulatrice du Moyen-Orient. C’est sans doute plus que ce que Poutine avait espéré quand, en 2015, il a décidé de maintenir al-Assad en place en lançant des bombes russes dans la région.

La Turquie profite également du départ des Américains. Il y aura une zone de 30 km à la frontière turco-syrienne où les Kurdes ne seront plus autorisés à se présenter. Des patrouilles russes, turques et syriennes guideront le retrait des combattants kurdes dans la bonne direction. Ici aussi, la Russie exerce son influence. Erdogan n’a pas promis de soutenir le régime syrien, mais a déclaré qu’il était prêt à coopérer avec le parti Baas d’al-Assad. Erdogan était auparavant intervenu dans le conflit syrien dans le seul but de renverser le régime Baas et de remplacer al-Assad par des membres des Frères musulmans. Cela n’a jamais été une option pour la Russie.

L’UE totalement absente, tant sur le front qu’au niveau diplomatique

Al-Assad marque des points, bien qu’il reste évidemment redevable aux Russes et qu’on ne sait pas encore quel prix Poutine réclamera en retour. Mais les troupes américaines ont maintenant été remplacées par des troupes russes et syriennes, tandis que l’UE se distingue par son absencetant sur le front que sur le plan diplomatique.

Les plus grands perdants sont sans aucun doute les Kurdes, qui doivent maintenant quitter une grande partie de leur patrie et dont le destin dépend à la fois de Poutine et d’Al-Assad. Reste à savoir si cela vaut mieux que de dépendre de l’arbitraire américain.

Les États-Unis ont retiré leur gardien de but et ont laissé la Russie tirer sur un but vide

Pourtant, la Russie ne doit pas encore triompher, écrit la radio russe Kommersant FM. « Bien que toute la saga à première vue semble confirmer que Trump est un agent du Kremlin, […] même les Etats-Unis économiquement puissants ont été incapables de remplir leur rôle de corps de la paix. […] La capacité de la Russie à le faire est tout sauf certain. Les victoires géopolitiques ne se gagnent pas souvent aussi facilement qu’aujourd’hui. Moscou a remporté la première moitié du match pour le Moyen-Orient avec un score clair. Mais ne soyons pas dupes: cela n’est arrivé que parce que l’autre équipe a sorti son gardien de but du terrain et a laissé la Russie tirer sur un but vide. Ce ne sera pas toujours aussi facile. »

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