Poutine envisagerait-il de modifier la Constitution russe pour étendre son mandat?

Viatcheslav Volodine, le président de la Douma, le parlement de la Russie, a suggéré qu’une modification de la Constitution russe était à l’étude. Pour certains analystes, le Kremlin pourrait chercher à étendre d’une manière ou d’une autre le mandat du président Vladimir Poutine. 

Viatcheslav Volodine, président de la Douma d’Etat, le parlement russe, mais aussi l’un des dirigeants du parti Russie Unie de Vladimir Poutine, n’a pas directement mentionné une modification de la Constitution, et ses propos ont été relativement vagues.

« La loi fondamentale n’est pas un dogme »

Volodine aurait rappelé que la Constitution russe actuelle avait été rédigée en 1993, à une époque « difficile », au cours de laquelle « nos citoyens avaient perdu la foi dans les autorités ». Il a suggéré de demander à des juristes et des juges de la Cour constitutionnelle d’examiner « comment la Constitution et les normes de développement de la Constitution sont conformes aux principes adoptés ». 

« Selon Vladimir Vladimirovitch, des questions se posent dans la société », aurait-il déclaré en s’adressant à Poutine, lors d’une réunion avec ce dernier, d’après une transcription du Kremlin. « C’est le moment où nous pourrions répondre à ces questions, sans pour autant menacer les dispositions fondamentales de la constitution. La loi, même celle de la loi fondamentale, n’est pas un dogme », aurait-il ajouté.

La Russie ne compte aucun successeur crédible à Vladimir Poutine

Même si cette remarque n’évoquait pas directement la succession de Poutine, elle suggère que Moscou prépare déjà la fin du mandat de l’actuel président russe, qui aura lieu en 2024. L’actuel hôte du Kremlin est âgé de 66 ans, et semble en pleine forme. Or, on ne lui connait aucun successeur crédible, comme l’explique Valery Solovei, un politologue du Moscow State Institute for International Relations : »Aucun des candidats potentiels n’est en mesure de maintenir les ‘liens sacrés’ avec la population. On voit donc un changement dans la configuration du gouvernement pour faire en sorte que Poutine reste au centre du processus de décision comme la meilleure option. »

Lorsqu’il avait été réélu avec 73 % des voix au mois de mars de cette année, Poutine avait lui-même réfuté la possibilité de se présenter en 2030, comme le lui permet la loi. « Qu’est ce que je vais faire, rester jusqu’à mes 100 ans ? Non », avait-il répondu. Il avait également écarté une potentielle réforme de la Constitution. Mais depuis peu, des signes montrent qu’il n’est plus aussi hermétiquement fermé à cette idée. 

Récemment, le président russe a affirmé que la Constitution « n’était pas une construction juridique fossilisée, mais un organisme vivant en développement ». Et lors de sa conférence de presse annuelle la semaine dernière, M. Poutine a déclaré que toute modification de la Loi fondamentale « devait faire l’objet d’un vaste débat civique ».

Une possible réforme constitutionnelle en 2020

Selon M. Solovei, une telle réforme de la constitution pourrait consister, entre autres, à priver la fonction de président d’un grand nombre de prérogatives, qui pourraient ensuite être confiées à un organe consultatif appelé à devenir l’autorité suprême, et que Poutine pourrait diriger. D’après lui, il faut s’attendre à un remaniement de la Loi fondamentale russe à partir de 2020.

Plus