Pourquoi les cadres de la Silicon Valley tiennent leurs enfants à l’écart des écrans

De nombreux entrepreneursde la Silicon Valley dont les produits sont utilisés par desmillions d’enfants dans le monde entier, limitent maintenant leurusage à leur propre progéniture. Non contents d’interdire cesplate-formes et dispositifs à leurs enfants, ils stipulentdorénavant dans le contrat de travail de leurs employés de maisonque ces derniers doivent tenir leurs gamins à l’écart des écranset qu’ils évitent d’utiliser leurs smartphones devant eux.  

En 2014, le New York Timesexpliquait que le défunt Steve Jobs avait admis à l’époque que sesenfants n’avaient jamais utilisé un iPad, un des grands succèsd’Apple. Jobs faisait également remarquer que l’utilisationde la technologie était particulièrement limitée chez lui.

Jobs n’est pas le seul. Lefondateur de Microsoft, Bill Gates, a limité la durée d’affichagedes écrans, a interdit à ses enfants d’avoir accès à unsmartphone avant 14 ans et d’utiliser ces dispositifs à table. Le créateur deFacebook, Mark Zuckerberg souhaite quant à lui que ses enfants « sentent les fleurs plutôt que de passer tout leur temps surles médias sociaux », explique Olivia Rudgard dans le journalbritannique The Telegraph

Le fondateur d’Instagram, KevinSystrom, a récemment expliqué qu’il espérait que la prochainegénération d’entrepreneurs du secteur technologique soit en mesurede résoudre les problèmes de harcèlement et d’intimidation enligne qu’il n’a pas réussi à endiguer sur sa propre plate-forme. Safille Freya, âgée de neuf mois, lui aurait fait réfléchirdavantage à son propre héritage. 

Crise de conscience ?

Les hauts dirigeants de la SiliconValley sont maintenant des adultes avec des conjoints et des enfants.Zuckerberg était encore un adolescent lorsqu’il a lancé Facebook.Agé de 34 ans, il est maintenant marié et père de deux enfants.Marissa Mayer, ancienne directrice générale de Yahoo, n’avait pasencore 25 ans lorsqu’elle est devenue employée chez Google. Depuislors, elle a eu trois enfants. Jeff Bezos avait 30 ans et venait dese marier lorsqu’il a fondé Amazon dans son garage. Il a maintenantquatre enfants.

Pourtant, la possibilité que cela mène à une crise de conscience est très faible, dit Adam Alter, professeur de marketing à la New York University et auteur d’un livre sur la dépendance à la technologie car cela serait totalement en rupture avec les devoirs qu’ils ont à l’égard de leurs actionnaires : maximiser les profits.

Dans la SiliconValley, la parentalité réduisant la place de la technologie a dusens. En effet, de nombreux professionnels de la technologie envoientleurs enfants à la Waldorf School of the Peninsula dont laphilosophie ne laisse aucune place à la technologie qui, selon la direction, représente une menace pour la créativité, lecomportement social et la concentration des élèves.

Selon Beverly Amico, del’association des écoles Waldorf d’Amérique du Nord, les dirigeantsdu secteur technologique envoient leurs enfants dans cetteinstitution parce que les tenir à l’écart de la technologie enclasse développe les attributs qu’ils aiment voir chez leurpersonnel tels que la pensée créative, l’ingéniosité et lapersévérance.

Susan Hobbs, responsabledu personnel de la société Cloudflare, a totalement interdit à safille d’utiliser les médias sociaux. Hobbs a expliqué que sadécision était stricte car elle avait une connaissance intime ,c’est-à-dire qu’elle connaissait les personnes qui avaient crééces choses, ce qui diffère du consommateur moyen.  

Ana Homayoun, consultantescolaire et auteur de l’ouvrage « Social Media Wellness »,estime que les leaders de la technologie commencent à réfléchirdavantage à la manière dont leurs créations affectent la jeunesse.

« Je pense que lesentreprises commencent à devenir plus conscientes. Elles s’adaptent au fait que les applications ne sont pas toujoursutilisées de la manière initialement comprise ou voulue. »

La plupart des grandsfondateurs de médias sociaux ne s’aperçoivent pas encore des conséquences de leurspropres créations sur leurs enfants, en grande partie trop jeunespour utiliser les médias sociaux. « Toutefois, il serait prudent queles investisseurs en capital risque, qui contrôlent les millionsde dollars qui peuvent faire ou défaire une entreprise, évaluent la meilleure façon de concevoir une technologie pouvantavoir un impact positif sur les jeunes. »

Changement venant du bas

Un changement pourraitvenir également du bas de l’échelle: les travailleurs de la Silicon Valley se sont découverts récemment un goût pour l’activisme. Des milliersd’employés de Google ont adressé en avril une lettre à leur PDGSundar Pichai pour affirmer leur opposition à un contrat avec laDéfense américaine. Susan Fowler Rigetti, ingénieur chez Uber, adénoncé le sexisme au sein de l’entreprise. Un congé de paternitéplus généreux, lui aussi, est aussi en train de voir le jour grâce la pression exercée par les jeunes pères.

« Alors que lesemployés talentueux du secteur de la technologie manifestent unevolonté accrue de quitter les entreprises qui ne respectent pasleurs normes éthiques, c’est peut-être ce genre de »perturbation », un mot à la mode dans la Silicon Valley, dont ils ont réellement besoin »,conclut Olivia Rudgard.  

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