Pourquoi la passion amoureuse des débuts ne dure-t-elle quasiment jamais

Dans les contes de fées, les couples se marient, leur passion ne s’atténue jamais, et ils demeurent perpétuellement heureux. Mais dans la réalité, c’est une toute autre histoire : nous nous familiarisons rapidement avec les expériences positives et donc, également avec nos relations.

La lune de miel d’un jeune couple ne dure en moyenne que deux ans, après quoi le couple retourne aux niveaux de bonheur qu’il connaissait auparavant. Sonja Lyubomirsky, professeur de psychologie et auteur de « The Myths of Happiness: What Should Make You Happy, but Doesn’t, What Shouldn’t Make You Happy, but Does », fournit une explication scientifique de ce phénomène.

Elle rappelle les résultats d’une étude à grande échelle qui a été menée sur 15 ans sur 1761 couples mariés américains et européens. Ses conclusions montraient que le bonheur que connait le jeune couple à ses débuts ne dure que deux ans, après quoi, le couple connait des décennies de stagnation en termes de bonheur. Ce n’est que lorsque les enfants quittent la maison que de nombreux couples redécouvrent les joies du bonheur conjugal.

Lorsque l’on est amoureux, on est constamment heureux, même lorsque l’on est confronté aux petites tracasseries de la vie quotidienne. C’est ce que les chercheurs appellent « l’amour passionné», un état ​​de désir intense et d’attirance qui finit par se muer graduellement en une affection profonde pour son compagnon, beaucoup moins passionnelle. Les psychologues attribuent cette transformation à «l’adaptation hédonique », c’est-à-dire la tendance humaine à s’habituer aux changements dans l’existence, surtout s’ils sont positifs. Ainsi, l’amour est comme une nouvelle voiture, un nouveau manteau, ou toute autre source de mieux-être et de plaisir : il se banalise. Par la suite, nos attentes se modifient, nous commençons à prendre ces changements pour acquis, et nos désirs évoluent. L’adaptation hédonique est particulièrement impitoyable avec notre désir sexuel. Après avoir vu et revu les mêmes scènes, et s’être adonnés répétitivement aux mêmes fantaisies sexuelles, les hommes et les femmes deviennent de plus en plus blasés. Le grand auteur de polars américain Raymond Chandler avait résumé cette réalité ainsi :

Le premier baiser est magique. Le second est intime. Le troisième est routinier. »

Le phénomène comporte bien sûr des avantages: en effet, nous ne serions pas très productifs au travail, et nous serions de bien mauvais parents, si nous étions constamment consumés de passion pour notre partenaire et étions obsédés par les relations sexuelles. En outre, nous sommes conçus pour être attirés par la nouveauté. Les biologistes évolutionnaires pensent que cette caractéristique a évolué pour prévenir l’inceste : lorsque notre partenaire devient aussi familier pour nous qu’un frère ou une sœur, autrement dit, lorsque nous formons une famille avec lui, l’attraction sexuelle qu’il exerce sur nous s’affaiblit.

Même si l’on aime très profondément son partenaire, au point d’accepter de mourir pour lui, et que l’on est engagé dans une relation de longue durée, il est rare que le feu des débuts passe l’épreuve du temps. Les études montrent que les femmes sont particulièrement susceptibles de ressentir cette perte d’intérêt pour le sexe, et ce, bien plus tôt que leur compagnon.

Parfois, au moment où cette transition survient dans le couple, les partenaires peuvent s’illusionner avec l’idée qu’une nouvelle relation avec quelqu’un d’autre pourrait être plus satisfaisante. Pour se garder de prendre de mauvaises décisions, on peut décider d’adopter la stratégie de la surprise, et de s’adonner à des activités excitantes avec son partenaire.

En effet, les recherches ont montré que la surprise est cruciale pour maintenir des relations de couples harmonieuses. Au début de la relation, elle est d’ailleurs l’un des éléments primordiaux qui contribuent à entretenir la passion, et c’est parce que nous connaissons mieux nos partenaires, et qu’ils nous surprennent de moins en moins, que cette dernière finit par s’épuiser.

Enfin, les chercheurs ont aussi montré que les années qui suivent le départ des enfants du cocon familial comptent parmi les plus heureuses que celles que le couple est amené à vivre.

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