Le Venezuela est devenu un nouveau problème… pour Podemos

“Podemos cherche à faire de l’Espagne une nouvelle version du Venezuela”. C’est ce que clame toute la classe politique espagnole opposée au parti d’extrême gauche Podemos. Presque tous les partis espagnols tentent d’exploiter les liens entre la formation d’extrême gauche et le pays d’Amérique du Sud, les graves difficultés économiques dans lesquelles celui-ci est englué et ses violations des droits de l’homme, dans la perspective des prochaines élections législatives le 26 juin prochain. Le dirigeant de Podemos, Pablo Iglesias, et son numéro 2, Íñigo Errejón, ont tous les deux été conseillers de feu Hugo Chávez, l’ex-président du Venezuela entre 2002 et 2014, dans le cadre d’un think tank anti-capitaliste, CEPS. En échange, ce dernier a été rétribué 4 millions d’euros pour ses services. “Je suis ému quand j’écoute le Commandeur”, a dit Iglésias au cours d’une interview à la télévision vénézuélienne en 2013, peu après le décès de Chávez, louant la démocratie du pays, et ajoutant que les pays d’Europe du Sud avaient beaucoup à apprendre de sa transformation politique.

7 millions d’euros

Mais cette collaboration a suscité des critiques, certains alléguant que Podemos était financé par le régime de Chávez, sans que cela ait été prouvé. En avril dernier, le journal espagnol ABC a publié un document signé de la main de Chávez autorisant des règlements en faveur du CEPS pour plus de 7 millions d’euros. Ce document mentionne un “contrat” pour “encourager les changements politiques davantage en ligne avec le gouvernement bolivarien dans ce pays”. Podemos a affirmé que ce document était un faux, mais son auteur, un ancien ministre de Chávez, a défendu son authenticité.

Une opportunité unique pour les concurrents

Les différents partis espagnols n’ont pas manqué une telle opportunité pour rosser leur rival d’extrême droite. Albert Rivera, qui dirige le parti centriste Ciudadanos, s’est rendu cette semaine au Venezuela pour rencontrer les opposants du président Maduro. S’exprimant au Parlement du pays, aux mains de l’opposition, il a critiqué les attaques du régime contre les contestataires.A son retour à Madrid, il n’a pas manqué d’égratigner les dirigeants de Podemos : “Ils sont allés au Venezuela année après année, pour défendre le régime de Chávez”, a-t-il dit, les fustigeant au passage pour ne pas avoir profité de leurs liens avec ce pays pour obtenir la libération des prisonniers politiques. Dionisio García, un membre du parti PP du Premier ministre Rajoy qui s’est rendu plusieurs fois au Venezuela, et a reçu des opposants du régime bolivarien, lui a emboîté le pas. “Cela fait 12 ans que nous défendons les libertés ; d’autres viennent seulement de réaliser qu’il y avait des violations des droits de l’homme”, a-t-il dit à Politico. Le PSOE a apporté sa pierre : “La Gauche doit défendre les libertés à l’intérieur de nos frontières, mais aussi les libertés de nos frères dans des pays tels que le Venezuela”, a dit Pedro Sánchez du PSOE, au cours d’une interview télévisée.Même le président du Venezuela, Nicolas Maduro, a voulu apporter son grain de sel, proposant la tenue d’un débat entre les 4 candidats espagnols à Caracas, la capitale du pays. Il a ajouté que l’Espagne avait besoin d’un dirigeant comme lui.Podemos a crié à l’hypocrisie, soulignant que ses opposants négligeaient les problèmes de économiques ou d’abus de droits humains d’autres pays tels que le Honduras ou la Chine, et se focalisaient délibérément sur le Venezuela. Cependant, ces mises en cause ne semblent pas avoir entamé sa popularité. Podemos vient même de signer une alliance avec les communistes du pays, ce qui pourrait lui assurer un meilleur score que le PSOE lors des prochaines élections.

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