L’Est de l’Australie flirte avec le “Day Zero”, le jour de la pénurie d’eau totale

L’Est de l’Australie se rapproche dangereusement du “Day Zero”, le jour où il n’y aura plus une seule goutte d’eau potable au robinet. La région est en effet le théâtre d’une sécheresse d’une ampleur inédite, et une douzaine de villes ne sont plus qu’à quelques mois d’une pénurie d’eau potable totale.

Toute la région qui s’étend du Queensland jusqu’à Sydney est concernée. L’Etat entier de la Nouvelle-Galles du Sud a été déclaré en sécheresse en décembre dernier. Il fait de plus en plus chaud, et les sols de plus en plus secs. Pire, les réserves d’eau déjà mises à mal par la sécheresse ont dû être mobilisées pour lutter contre des centaines d’incendies qui se sont déclarés dans le bush. 

Des vols d’eau

Dans certains réservoirs, la quantité d’eau résiduelle ne dépasse pas 1 % de leur capacité. Certaines petites bourgades, telles Guyra (1758 habitants), sont déjà à sec. 

La ville de Stanthorpe (4271 habitants), pourtant située dans le bassin du plus grand réseau hydrographique d’Australie, tout comme les autres villes à sec, pourrait ne plus avoir une seule goutte d’eau d’ici Noël. Si cela se produit, les autorités n’auront pas d’autre choix que de transporter l’eau par camion, une éventualité qui coûterait la bagatelle de 1 million de dollars australiens (environ 616 000 euros) par mois, une fortune pour cette petite communauté. En outre, une telle solution ne pourrait être que temporaire, et ne pourrait être prolongée au delà de 12 mois.

Des fermes sont également à court d’eau. Les agriculteurs en sont réduits à prendre des mesures exceptionnelles pour sauver leurs récoltes. Certains ont même renoncé à ensemencer leurs terres ou planter leurs vergers, préférant louer des parcelles dans des régions épargnées par la sécheresse. Dans certains cas, ils ont même abandonné temporairement toute activité. 

Des magasins ont également été contraints de fermer. Le désespoir a même mené à des « vols d’eau ».

Le changement climatique

La sécheresse n’est pas une première pour le pays, surnommé le “Sunburnt Country” (“Pays Brûlé par le Soleil”). Mais les Australiens sont maintenant forcés de constater que les conditions climatiques extrêmes de leur pays sont effectivement amplifiées par le changement climatique. Les autorités locales tentent de faire face à la crise en installant des pipelines et en forant des puits, mais la population réclame des mesures d’ampleur nationale, comme la construction d’un barrage, ou le durcissement des restrictions portant sur l’emploi de l’eau des rivières à des fins d’irrigation.

L’année dernière, en mai, la capitale de l’Afrique du Sud Le Cap avait elle aussi été confrontée à la perspective d’une pénurie totale d’eau. Le pays avait alors envisagé sérieusement une solution qui pourrait sembler farfelue de prime abord : remorquer un iceberg de l’Antarctique jusqu’à la ville. 

Mais il est probable qu’à l’avenir, compte tenu de l’augmentation de l’urbanisation,  de telles situations de pénuries se banaliseront. L’eau couvre en effet 70 % de la surface de la terre, mais seulement 3 % de cette masse sont constitués d’eau douce. Selon des projections réalisées pour le compte des Nations unies, la demande mondiale d’eau douce dépassera l’offre de 40 % en 2030. Le changement climatique, l’activité humaine, mais aussi la croissance de la population urbaine expliquent cette tendance. 

Même Londres est menacée

Au cours des dernières années, d’autres grandes métropoles ont déjà été exposées à de graves pénuries d’eau. Les villes de Sao Paulo (une métropole de 20 millions d’habitants qui a déjà connu une grave pénurie en 2015), les villes de Bangalore (8,5 millions d’habitants,  Inde), Beijing (21 millions d’habitants, Chine), Le Caire (16 millions d’habitants, Égypte), ou encore Jakarta (10 millions d’habitants, Indonésie), sont les plus concernées par ce problème. Mais on retrouve également des candidates plus inattendues, telles que Moscou (12 millions d’habitants, Russie) et même… Londres (5,5 millions d’habitants, Royaume-Uni). La Grande-Bretagne, pourtant réputée pour son climat pluvieux, est en effet menacée par une pénurie d’eau d’ici à 2050 en raison du changement climatique. 

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