Le cauchemar dans les médias : pourquoi nous obtenons de plus en plus d’informations sur de moins en moins de sujets

Tous ceux qui ont consulté le site mobile De Tijd lundi soir se sont vu présenter l’accord de coalition flamande à 8 reprises dans les 10 premiers articles. Toujours pour HLN, De Standaard et VRT News, le monde hier se limitait en grande partie limité à Jambon I et à la faillite de Thomas Cook.

Les médias sociaux et de nombreux canaux d’information assurent une offre d’information de plus en plus unilatérale. Ce n’est pas seulement le cas en Belgique. Au cours des quatre derniers jours, le temps d’antenne de la télévision française a été pratiquement monopolisé par le décès de l’ancien président français Jacques Chirac.

L’agence internationale de marketing et d’opinion Kantar l’avait déjà remarqué en 2000. C’est pourquoi l’index UBM a été créé. UBM signifie Unité de Bruit Médiatique. L’indice permet de savoir dans quelle mesure la population est exposée à un sujet d’actualité particulier au cours d’une seule et même journée.

Johnny Halliday est mort… 38 fois en une journée

Le point de départ est 100 UBM. Quand une actualité atteint 100 UBM, cela signifie que tous les Français sont confrontés à un certain message au moins une fois ce jour-là.   À la mort du chanteur français Johnny Halliday, en décembre 2017, l’indice UBM s’est élevé à 3853. Cela signifie que chacun de nos voisins du sud a reçu le même message 38 fois ce jour-là. Seule l’élection de Macron a fait encore mieux cette année-là (UBM = 3958).

Trois scientifiques français, Nicolas Govillot, Nicolas Manquest et Dimitri Petrakis, ont enquêté sur ce phénomène en 2012. Ils sont arrivés à une série de conclusions intéressantes. Comme le montrent les exemples ci-dessus, les médias se concentrent de plus en plus sur les principaux points d’actualité. Le reste des informations disparaît en marge. Ou n’est tout simplement pas mentionné.

Le phénomène est également lié à la percée des médias sociaux. Ces derniers permettent de partager des articles et donnent ainsi aux médias une indication de « ce qui passe le mieux sur Facebook ». Les chercheurs ont également noté que les médias vont prolonger les grands événements sur plusieurs jours. On nous présente donc de plus en plus les mêmes sujets d’actualité pendant une période plus longue. La faillite de Thomas Cook a dominé – jusqu’à Jambon I – les programmes d’actualités et d’interprétation pendant des jours.

Ceux qui pensaient que le flux ininterrompu d’informations et les nombreuses sources d’information nous offriraient un large éventail de sujets seront déçus.

75 % de chevauchement entre les différents programmes d’information

En 2013, le   journaliste Rob Wijnberg a cité dans son livre « De Nieuwsfabriek » les résultats d’une étude néerlandaise sur la diffusion d’informations à la télévision, qui montrait que dans plus de 75 % des cas, il y avait un chevauchement important des différentes émissions d’actualités. En d’autres termes, ce que vous lisez, entendez ou voyez sur un support, vous le lirez, l’entendrez ou le verrez sur 3 autres supports sur 4.

L’attention des médias se concentre sur de moins en moins de sujets. Les chercheurs attribuent également ce phénomène au modèle économique et à la vulnérabilité de la situation financière des médias. La qualité et la diversité en sont les premières victimes.

Ou, comme l’a souligné un journaliste français lundi : les médias ont également été enterrés avec Jacques Chirac.

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