McKinsey est le nouveau Facebook

Tout comme Facebook, le cabinet de conseil McKinsey & Co est confronté à une pluie constante de rapports négatifs. Et tout comme c’est le cas pour le réseau social, c’est principalement le New York Times qui a fait de McKinsey l’une de ses cibles favorites pour ses enquêtes.

Pour comprendre le fonctionnement du cabinet de conseil McKinsey de l’intérieur, on peut faire le rapprochement avec ce qui se passe dans l’ordre des jésuites ou chez les tailleurs de Savile Row à Londres, a expliqué un ancien consultant de McKinsey. Car à l’instar de McJKinsey, ces organisations respectent une hiérarchie stricte et restent toujours en arrière-plan.

McKinsey est beaucoup plus connu que l’ordre religieux ou les tailleurs sur mesure de Londres. Il est aux consultants ce que Goldman Sachs est au secteur bancaire. McKinsey offre les conseils les plus prestigieux et peut-être les plus chers que les entreprises puissent acheter aujourd’hui. Mais ces derniers mois, le cabinet de conseil est apparu à plusieurs reprises sous un jour négatif.

McKinsey et le régime saoudien

En octobre dernier, le New York Times écrivait que McKinsey avait contribué à faire taire les critiques du régime saoudien. McKinsey a été embauché pour analyser la perception du public concernant des  mesures d’austérité annoncées par le gouvernement saoudien en 2015. Le cabinet de conseil a remis aux dirigeants saoudiens un dossier de 9 pages, contenant un rapport précis avec les noms des personnes ayant critiqué les mesures sur Twitter ayant recueilli le plus de suiveurs. Par la suite, l’une de ces personnes a été arrêtée plus tard. Une seconde a été piratée et a vu deux de ses frères se faire arrêter. Une troisième a vu son compte fermé. McKinsey a nié toute culpabilité.

L’analgésique opioïde OxyContin

La semaine dernière, le New York Times a publié une nouvelle information. Elle concernait  Purdue Pharma, le fabricant du   puissant analgésique opioïde  OxyContin. Le procureur de l’État du Massachusetts accuse McKinsey d’avoir conseillé à cette société  « d’exploser » les ventes de l’analgésique. On aurait utilisé une présentation PowerPoint recommandant d’utiliser des « pots-de-vin » pour acheter des licences. 

ICE

En juillet, McKinsey a dû mettre fin à sa mission de conseil auprès du service de l’immigration ICE en raison d’une manifestation contre la politique d’immigration de Trump.

À la mi-décembre, des photos du séminaire d’entreprise annuel de McKinsey dans la région du Kashgar en Chine ont été publiées sur Instagram. On y voyait des centaines de consultants chevaucher des chameaux dans le désert. Ils ont pris part à des banquets luxueux donnés dans des tentes montées spécialement pour eux. Ces tentes étaient reliées entre elles par des kilomètres de « tapis rouge ». Or, cet endroit ne se trouve qu’à quelques kilomètres qu’un camp gigantesque où des milliers de Ouïgours, une communauté musulmane chinoise, sont détenus et forcés de se soumettre à des programmes de « déradicalisation ». Le New York Times avait écrit que le contraste entre les festivités dans les tentes et la crise humanitaire à proximité ne pouvait être plus saisissant. 

Afrique du sud

En 2017, on a appris que McKinsey avait ignoré pendant des années les messages d’alarme de ses propres employés concernant des transferts suspects de millions de dollars au profit de la famille de milliardaires sud-africains Gupta, associés du président Jacob Zuma.

La société est connue pour sa politique de discrétion et son respect des clients. Elle n’est certainement pas la plus grande en termes de conseil. Mais aucune autre entreprise n’a la même expertise et n’exerce la même influence.

Les activités que la société a développées pendant des années loin des projecteurs et partout dans le monde font maintenant l’objet d’enquêtes de plus en plus nombreuses de la part de journalistes d’investigation.

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