L’Iran est la nouvelle Mecque des personnes transgenres

Selon une étude, il y a 3.000 ans, les premiers habitants d’Iran reconnaissaient et toléraient les personnes transgenres. De nos jours, l’Iran est une plaque tournante de la chirurgie de réattribution sexuelle. Toutefois, cela ne veut pas dire que les autorités iraniennes fassent preuve de tolérance à l’égard de l’homosexualité. Il existe même un lien direct entre le soutien du régime vis-à-vis des interventions chirurgicales de changement de sexe et l’intolérance envers l’homosexualité.

Des fouilles archéologiques réalisées par des scientifiques du Manhattanville College à New York sur le site de Hasanlu, dans le nord-ouest de l’Iran, ont montré qu’il y a 3.000 ans, il existait trois types d’offrandes dans les sépultures : pour les hommes, pour les femmes et pour un troisième sexe.

« Lorsque l’on découvre des restes humains lors d’une fouille archéologique, les chercheurs leur attribuent un sexe en fonction de la morphologie du squelette ou des objets trouvés lors de l’inhumation », explique Megan Cifarelli, historienne de l’art du Manhattanville College. « A Hasanlu, on a découvert plus de deux catégories d’artefacts funéraires. Une catégorie peut être associée aux femmes et une deuxième catégorie aux hommes. Ensuite, nous avons une catégorie moyenne pour un troisième sexe. » Selon l’historienne de l’art, ces trois groupes d’objets rituels indique que la culture locale iranienne reconnaissait et tolérait l’existence d’au moins trois genres il y a 3.000 ans.

Ayatollah

« L’attitude envers l’homosexualité peut être particulièrement rigide en Iran », explique le magazine The Economist. Mahmoud Ahmadinejad, l’ancien président conservateur du pays, a déclaré un jour qu’il n’y avait aucun homosexuel en Iran. Le pays apparaît par conséquent comme un centre peu probable de la chirurgie de réattribution sexuelle.

Cependant, l’Iran autorise la procédure depuis le milieu des années 80. A cette époque, Ruhollah Khomeiny a connu Maryam Khatoon Molkara, une femme transgenre. Cette dernière avait été enfermée dans un hôpital psychiatrique où on lui injectait de force des hormones masculines. Emu par son histoire, Khomeiny a publié une fatwa qui autorisait les interventions chirurgicales de changement de sexe. Aujourd’hui, le gouvernement iranien participe même aux coûts de l’opération.

Mais en réalité, le soutien du régime envers la chirurgie de changement de sexe est lié à son intolérance envers l’homosexualité. En Iran, l’homosexualité est un crime capital passible de peine de mort. L’opération de changement de sexe est la plupart du temps imposée aux personnes transgenres par la culture et par le gouvernement , expliquait en 2017 le magazine Quartz.

Selon des activistes et des psychologues, les gays iraniens subissent de nombreuses pressions pour qu’ils changent de sexe, qu’ils le veuillent ou non. Les thérapeutes disent en outre à leurs patients qu’ils peuvent être transgenres, mais pas gays. Beaucoup de personnes méconnaissent encore l’homosexualité. Par ailleurs, les journaux et médias en ligne iraniens ne parlent que de transsexualité.

L’Iran a recours à un système où les homosexuels ne sont pas éduqués et où la loi ne les protège pas.

Stigmatisation

Avant de subir une opération de changement de sexe, les patients iraniens doivent passer un examen. Cette procédure doit permettre de déterminer s’ils présentent une dysphorie de genre et s’ils sont prêts pour l’opération. Cependant, cette procédure est réalisée précipitamment et les normes ne sont pas correctement respectées.

Shahryar Cohanzad, un urologue qui effectue l’opération, a reçu 75 patients en 2017. Toutefois, il n’en a opéré que douze. Selon le chirurgien, les 63 patients restants étaient soit des homosexuels, soit des personnes qui étaient confuses suite à un manque d’informations. Par ailleurs, des observateurs ont souvent critiqué la qualité de la procédure iranienne. Les Nations Unies ont rapporté des récits effroyables de procédures bâclées.

Bien que les ecclésiastiques iraniens autorisent la chirurgie de réattribution sexuelle, les personnes transgenres affirment qu’il existe toujours une stigmatisation à l’égard de la transidentité en Iran. Les familles rejettent les personnes transgenres. Ces dernières recoivent même des menaces de mort. Enfin, beaucoup de transgenres iraniens se livrent à la prostitution afin de subvenir à leurs besoins car ils ne sont pas acceptés sur le marché de l’emploi.

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