L’Espagne rurale dépeuplée est devenue l’enjeu des élections

Les régions rurales dépeuplées d’Espagne pourraient fortement peser lors des élections législatives espagnoles qui se tiendront à la fin du mois d’avril. Les politiciens du pays le savent. Par conséquent, ils affluent à la campagne pour se prendre en photo avec des villageois, aux côtés de tracteurs et même d’animaux de ferme.

La droite espagnole s’est fracturée. Selon les observateurs, cela pourrait signifier la fin de l’emprise du Parti populaire sur la campagne espagnole. 99 députés doivent être élus au sein des zones dépeuplées de l’intérieur rural espagnol. Le Parlement espagnol compte 350 sièges. Le combat risque donc d’être acharné.

Densité de population extrêmement faible

L’Espagne a connu une urbanisation tardive. Toutefois, le processus a été particulièrement brusque. Des fractions de plus en plus importantes de la population espagnole se concentrent maintenant dans la capitale Madrid et sur les zones côtières. La campagne espagnole possède une densité de population extrêmement faible, soit 11,5 habitants par kilomètre carré. Seules certaines parties de la Scandinavie et du nord de l’Ecosse connaissent une telle situation. Durant la dernière décennie, le plateau central du pays a perdu énormément de ses habitants.

Certains villages ont été abandonnés. Dans d’autres villages, la population a diminué et vieilli. On constate par ailleurs une certain déséquilibre démographique car plus de femmes que d’hommes se déplacent vers les villes.

Le Parti populaire (PP) a depuis longtemps la main-mise sur la campagne espagnole. Toutefois, lors des prochaines élections, il semble que le vote des régions rurales espagnoles fera l’objet d’une lutte acharnée. L’Espagne rurale tient aujourd’hui une place prépondérante dans les débats publics et dans l’agenda politique de chaque parti.

Le parti au pouvoir, le Partido Socialista Obrero Español (PSOE) du Premier ministre Pedro Sanchez, a récemment présenté un plan contenant soixante-dix propositions visant à mettre un terme à la dépopulation de la campagne espagnole. Parmi ces propositions, on trouve entre autres l’amélioration des connexions internet. .

Tauromachie

Mais les autres partis font également des promesses aux villageois espagnols. Albert Rivera, président de Ciudadanos (CS), de centre droit, a promis un allégement fiscal à la population de la campagne espagnole. Pablo Casado, dirigeant du Partido Popular, a récemment rappelé les réalisations passées de son parti dans les zones rurales espagnoles. Le Parti populaire a tenu à souligner son impact sur la politique agricole européenne.

Toutefois, le parti d’extrême droite Vox espère également gagner des voix dans la campagne espagnole. L’extrême droite espagnole s’est concentrée sur la défense de la chasse, de la pêche et de la corrida. Le parti d’ultra-gauche Podemos a quant à lui promis de meilleurs services et infrastructures sociales.

Les habitants de l’España Vacíada (Espagne Vide) espèrent que les élections amélioreront leurs conditions de vie. Récemment, des dizaines de milliers d’habitants des régions rurales espagnoles ont manifesté à Madrid pour faire part de leurs revendications.

Dans certaines zones rurales du pays, les installations élémentaires font défaut. Certains villages souhaitent l’ouverture d’une pharmacie, d’autres un Internet plus rapide ou encore de meilleures infrastructures routières. Selon les porte-paroles des organisations, la population rurale espagnole se sent négligée.

Cependant, tout le monde ne croit pas que les élections seront en mesure de changer la situation. En 2016, Sergio del Molino, auteur du best-seller « La España Vacía », avait expliqué que la campagne espagnole avait toujours été peu peuplée. « L’Espagne lutte depuis longtemps contre le déséquilibre démographique », affirmait-il. « Les résidents qui s’installent dans les villes recherchent des opportunités que la vie de village ne pourra jamais leur offrir. »

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