“L’Espagne n’est plus un pays de la périphérie de l’euro”

Les taux d’intérêt des obligations souveraines ont eu tendance à remonter ces derniers temps, mais cela n’a pas trop affecté les pays de la zone euro qui étaient pourtant les plus durement frappés par la crise financière en 2011, constate le Financial Times. Selon une officielle de la Trésorerie espagnole, les marchés financiers « ne considèrent plus l’Espagne comme un pays de la périphérie de l’euro ». 

Ainsi, les taux d’intérêt dans les pays de la périphérie de l’euro n’ont jamais connu des niveaux aussi faibles depuis plusieurs années. Cette semaine, le spread de taux (c’est-à-dire l’écart de taux) entre les obligations souveraines espagnoles et leurs équivalentes allemandes, considérées comme non risquées, a atteint son point le plus bas depuis 2010. Suite au rebond boursier que l’on a observé sur les derniers jours, les investisseurs se sont précipités sur les actifs plus risqués, comme les obligations souveraines des pays membres de l’euro de l’Europe du Sud.

Selon Emma Navarro, secrétaire général de la trésorerie et de la politique financière de la banque centrale espagnole, il faut y voir le signe que l’Espagne n’est plus un pays européen « de la périphérie » de l’euro aux yeux des investisseurs internationaux. « Les marchés de capitaux ont déjà reclassé l’Espagne au statut de semi-centre », a-t-elle dit au Financial Times.

L’Espagne a renoué avec une cote de crédit « A »

Même les cotes de crédit des pays de la périphérie se sont améliorées. En janvier, l’agence Fitch a attribué une cote de crédit “A” à l’Espagne. C’est la première fois depuis la crise de l’euro que le pays retrouve une telle cote, qui devrait lui permettre d’emprunter à meilleur compte, et d’attirer plus d’investisseurs.

Des émissions à succès

De même, les nouvelles émissions d’obligations lancées récemment par l’Italie et l’Espagne ont rencontré un vif succès. Le mois dernier, une émission espagnole de 10 milliards d’euros a été souscrite à hauteur de 43 milliards d’euros ; de son côté, l’Italie, qui souhaitait emprunter 9 milliards d’euros, a réussi à attirer 31 milliards d’euros de demandes. Jeudi dernier, c’est la Grèce qui avait fait un tabac avec une émission d’obligations de 3 milliards d’euros à 7 ans qui a recueilli 6 milliards d’euros de souscriptions.

Navarro a indiqué qu’elle était consciente que les taux d’intérêt espagnol pourraient augmenter si la Banque Centrale Européenne durcissait sa politique monétaire. Mais elle pense également que cela se fera de façon assez progressive pour que le pays puisse s’y adapter, et observe que l’Espagne a augmenté la maturité moyenne de ses obligations, ce qui retardera l’impact de ces hausses de taux.

La croissance revue à la hausse

Jeudi dernier, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a revu à la hausse la prévision de croissance du PIB espagnol pour 2018, dont il pense qu’elle devrait atteindre 2,5 % au lieu des 2,3 % prévus initialement. Il a également affirmé que son pays devrait créer 400 000 emplois cette année.

L’année dernière, le taux de croissance espagnol s’est monté à 3,1 %, dépassant la barre des 3 % pour la 3e année consécutive. En conséquence, le pays a rattrapé le PIB qu’il avait avant la crise économique de 2008.

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