Les partis politiques traquent aussi vos données: et c’est la N-VA qui est à la pointe avec… le PTB

Il faut désormais compter avec le big data. Le récent scandale Cambridge Analytica nous le démontre. Aussi utile que dangereuse, cette technologie fait/fera partie de notre quotidien. Nos partis politiques en prennent tout doucement conscience. Le journal Le Soir a donc voulu savoir qui utilisait ces données et dans quel but. Les élections approchants, on reste toutefois très loin d’un scénario à l’américaine.

Facebook compte 7,3 millions d’utilisateurs belges. Leurs données constituent un enjeu primordial et les partis politiques auraient tort de s’en priver. Âge, sexe, localisation, orientation politique… autant de facteurs qui peuvent les aider à cibler leur message pour le rendre optimal. 

Légal

Les partis disposent même d’un outil pour ça, tout comme bon nombre d’entreprises privées. Il s’agit de Facebook Business Manager. Il permet de cibler un certain public moyennant une petite dépense. C’est connu et tout à fait légal, c’est même le fonds de commerce de Facebook.

Il existe aussi des logiciels qui trient les données des utilisateurs parmi une base de données plus importantes. Ça permet d’identifier ceux qui vous suivent, vous partagent et vous lisent. 

La Flandre et puis le PTB

À ce petit jeu, ce la N-VA qui domine la partie. Ils sont les premiers à avoir compris l’importance d’un tel enjeu. Ils sont suivis par Groen et le Vlaams Belang. Si le CD&V est occupé à rattraper son retard, l’Open VLD est étrangement absent thématique.

Côté wallon, comme souvent, les choses se font plus lentement. Notons que c’est le PTB qui est à la pointe dans le sud du pays en utilisant le logiciel Nation Builder. Il s’agit d’une sorte de machine à broyer et digérer des données. Il a été utilisé récemment lors de la campagne électorale française par Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.

Beaucoup pensent que Macron n’aurait pas gagné sans ces outils du big data. Ils lui ont en tout cas permis d’asseoir une base électorale en un temps record. Du côté du PTB, outre le fait de cibler un certain public dans sa base de données, ce logiciel permet aussi le recrutement comme l’explique au Soir le porte-parole du PTB Germain Mugemangango: « Cela nous permet de voir qu’une personne a été intéressée par plusieurs de nos campagnes, ce qui veut potentiellement dire qu’elle pourrait devenir militante du parti. »

Big brother?

Faut-il pour autant crier au loup? Doit-on contraindre un scénario à l’américaine lors des prochaines élections? Non. L’utilisation de logiciels de tri des données par les partis (c’est également le cas du MR) est quelque chose de connu. Le 21e siècle, qu’on le veuille ou non, sera celui du big data. Aussi dangereuse qu’utile, il faudra faire avec cette nouvelle technologie. 

Notons qu’en Belgique, nos données sont mieux protégées qu’aux États-Unis par exemple. Et puis il y a la réglementation européenne RGPD qui harmonise la législation européenne en matière de protection des données ou qui accorde, par exemple, le fameux droit à l’oubli. Construire une base électorale se fait au quotidien et aussi sur le terrain. Les logiciels de ciblage peuvent aider, mais ils ne sont en aucun cas primordiaux ou pas encore.

Après, il est tout à fait possible que dans un futur proche, certains logiciels soient capables de dire pour qui vous irez voter même avant que vous ne le sachiez. C’est là tout le danger.

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