Les mesures prises pour calmer les Gilets Jaunes font grimper les taux d’intérêt sur la dette française

Les mesures adoptées par le président français Emmanuel Macron pour mettre fin au mouvement de protestation des Gilets jaunes ont déjà eu pour effet de faire grimper le taux d’intérêt sur la dette française.

Ainsi, le « spread » de taux d’intérêt avec l’Allemagne (c’est-à-dire l’écart entre le taux d’intérêt payé sur la dette allemande et le taux d’intérêt payé sur la dette française) a atteint son niveau le plus élevé en 18 mois, rapporte le Financial Times.

Le spread de taux avec l’Allemagne est reparti à la hausse

Celui-ci, qui s’élevait à 0,5 % peu après l’élection de Macron en mai 2017, s’était érodé, à mesure que le président français avait présenté son agenda de réformes. Mais la série de cadeaux qu’il a consentis hier, incluant une augmentation du salaire minimum, et la suppression de la hausse d’une taxe sur les pensions inférieures à 2000 €, a renforcé la crainte des marchés financiers que le déficit français dépassera en 2019 la limite de 3 % admise par l’Union européenne. 

Selon le gouvernement français, ces nouvelles mesures devraient coûter jusqu’à 10 milliards d’euros, et il s’est engagé à chercher des sources d’économies. Néanmoins, le spread de taux sur les obligations françaises à 10 ans a bondi pour atteindre 0,76 %.

Ce taux reste cependant bien en deçà du spread de taux de l’Italie, qui s’établit à 2,86 %. La dette française est encore considérée comme l’une des plus sûres de l’Europe, et les agences de notation lui accordent la note «AA ». En outre, la France a également bénéficié d’une baisse du taux d’intérêt sur les obligations souveraines allemandes, qui ont perdu 2 points de base mardi, pour atteindre 0,22 %.

La Commission européenne ne pourra pas se montrer indulgente

La Commission européenne a prévu que le déficit budgétaire français pour 2019 ne dépasserait pas 2,8 % du PIB. Mais beaucoup d’analystes n’y croient plus, et le journal français Les Échos a même rapporté qu’il pourrait atteindre 3,6 % du PIB.

D’autres soulignent que la Commission européenne, qui vient d’engager un bras de fer avec l’Italie sur la question du dépassement de son déficit budgétaire pour 2019, ne sera guère disposée à faire preuve d’indulgence à l’égard de la France, de peur que Rome n’en profite pour se montrer plus inflexible. Mais cela signifie aussi que la France ne disposera que d’une faible marge de manœuvre et qu’il lui sera difficile de poursuivre son agenda de réforme sans mécontenter dangereusement les électeurs à l’approche des élections européennes du mois de mai.

Les Gilets jaunes pourraient se montrer encore plus gourmands

Enfin, les concessions faites par le président français font redouter qu’elles encouragent les manifestants à se montrer encore plus exigeants. C’est notamment le point de vue de Christian Schulz, un économiste de Citibank : « l’un des principaux risques à venir, c’est qu’après avoir vu le président faire des concessions importantes sous pression, les Gilets jaunes et d’autres groupes de pression décident de maintenir leurs manifestations, dans l’espoir d’obtenir encore plus, ce qui aurait encore plus d’impact sur la croissance ».

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