Les documents officiels allemands prévoient maintenant un 3ème sexe

Le 1er janvier, l’Allemagne est devenuele premier pays de l’Union européenne à proposer une option de « troisième sexe » sur les actes de naissance pour les personnesintersexuelles. Intersexuel est un terme générique employé pour décrire une variété de situations dans lesquelles une personne née avec une anatomie reproductive ou sexuelle ne correspond pas aux définitions de la femme ou de l’homme. 

Reconnaissanceofficielle

Dorénavant, enAllemagne, les personnes intersexuées et les parents de bébésintersexués peuvent inscrire « divers » sur l’acte denaissance au lieu de devoir choisir entre homme ou femme. Celle loi,adoptée au Bundestag suite à une décision de la Courconstitutionnelle, a été saluée par certains militants intersexescomme une « petite révolution ». L’année dernière, laplus haute juridiction allemande a statué en faveur du droit deVanja, une personne intersexuée, de s’identifier officiellement entant que personne intersexuelle.

Depuis 2014, lesactivistes de « Dritte Option » (« TroisièmeOption ») exerçaient des pressions pour qu’un troisième sexesoit officiellement reconnu en Allemagne.

Première étape

« Il reste denombreuses étapes à franchir pour que les personnes intersexuéessoient complètement intégrées à la société », a expliquéLynn, personne âgée de 34 ans, née avec des organes sexuelsmasculins et féminins. Lynn espère néanmoins que la nouvelle loicontribuera à attirer l’attention sur le traitement médical despersonnes intersexuées et à ouvrir la voie au changement.

Selon un rapportd’Amnesty International publiée en 2017, les enfants nés avec desvariations visibles de leurs caractéristiques sexuelles subissentsouvent une opération chirurgicale douloureuse et irréversible pourleur donner l’apparence masculine ou féminine. Ces chirurgies sebasent sur une théorie popularisée en 1960 par le psychologue JonhMoney selon laquelle la constitution d’une personne intersexuée estle produit de processus anormaux. Money pensait que les personnesintersexuées devaient devenir des hommes ou des femmes à l’aided’un traitement médical. Cette théorie, abandonnée par lacommunauté médical, trouve cependant encore des échos au sein desétablissements médicaux au Danemark, en Allemagne et auRoyaume-Uni, indique Amnesty International.

Les opérationschirurgicales subies par Lynn l’ont privée de son anatomie physiqueet lui ont laissé des cicatrices douloureuses. « Lorsque lesmédecins et mes parents ont parlé de mon corps, j’ai dû sortir dela pièce. Avec le recul, c’est une pratique que je compare à de laviolence sexualisée et ritualisée », explique-t-elle.

Un groupe d’expertsdes Nations Unies et de spécialistes internationaux des droits del’homme ont demandé que l’on mette immédiatement un terme aux violations desdroits de l’homme commises contre les enfants et adultes intersexuésafin de les protéger face aux pratiques médicalesnéfastes et à la discrimination.

Selon l’ONU, entre0,5% et 1,7% de la population mondiale naît avec des traitsintersexes. Ces personnes risquent de subir des violations des droitshumains, telles que la chirurgie, la discrimination et la torture. Enjuillet dernier, un groupe d’expert médicaux européens a publiéensemble de nouvelles directives qui incitent les médecins àdifférer les interventions chirurgicales telle que la chirurgiegénitale jusqu’à ce que les personnes soient en âge de décider.

En vertu de lanouvelle loi, les personnes souhaitant modifier leur acte denaissance ne pourront le faire qu’avec un certificat médicalprouvant leur situation.

Selon Grietje Baars,maître de conférences à la City Law School de Londres, « l’option « troisième genre » ne va pas assez loin pourreconnaître pleinement la diversité des genres. En outre, l’exigence médicale renforce une définition désuète du genrebasée uniquement sur la biologie. « Vous ne pouvez passimplement décider du sexe en regardant les organes génitaux despersonnes », a expliqué l’expert, ajoutant qu’il seraitpeut-être temps de supprimer complètement le genre des documentsofficiels.

Bien que cela puissesembler radical, l’abolition de l’enregistrement des sexes nesignifie pas l’abolition du genre en tant que tel. « C’estcomme abolir l’inscription de votre religion ou de votre race survotre carte d’identité ou sur vos documents – cela ne signifie pasque vous ne pouvez plus être catholique ou noir. « Je dissimplement que ce n’est pas l’affaire de l’État enregistrer etclasser les personnes de cette manière ».

Case vierge

En Allemagne, depuis2013, les parents peuvent laisser vierge la case relative au sexe surles actes de naissance. Cependant, malgré cette possibilité, deuxans après l’entrée en vigueur de la case vierge, seuls 12 enfantsétaient inscrits sans marqueur de sexe. Selon les experts, lesparents seront toujours enclins à choisir une approche plustraditionnelle.

Selon Anike Krämer,spécialiste des études sur le genre à l’université allemande dela Ruhr, les parents d’enfants intersexués auront des « difficultés »avec les choix présentés avec la nouvelle loi. »La structureque nous avons actuellement ne permet tout simplement pas aux parentsd’adopter cette nouvelle loi. Les conseils médicaux sont toujourstrès conservateurs et conseillent de suivre le système binaire. »

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