Les datacenters de Big Tech dégagent plus de CO2 que l’aviation

La totalité des activités internet équivalent à 2% des émissions de dioxyde de carbone. Par conséquent, le secteur des services en ligne produit des émissions aussi importantes que l’ensemble du secteur de l’aviation, indique un rapport de la Global e-Sustainability Initiative (GeSI). L’empreinte écologique des services internet est donc énorme, phénomène qui inquiète de nombreuses associations environnementales.

Les serveurs informatiques utilisent d’énormes quantités d’énergie. Cette énergie est bien entendu nécessaire au fonctionnement des machines. Toutefois, une partie importante de cette énergie est également utilisée pour le refroidissement des installations. Cette consommation a des conséquences environnementales significatives.

En 2014, Gary Cook, analyste informatique international de Greenpeace, avait expliqué dans The Time que si l’on ajoutait la consommation d’électricité des datacenters et des réseaux qui se connectent à nos appareils, le secteur numérique se classerait au sixième rang des pays qui consomment le plus de CO2.

Consommation

Selon les chercheurs, les conséquences de la navigation en ligne individuelle sont relativement minimes. Une seule recherche sur Google équivaut à 0,2 gr de dioxyde carbone. Une centaine de recherches sur le moteur de recherche de Google aurait donc une empreinte écologique qui peut être comparée à celle du repassage d’un t-shirt ou de la préparation d’un verre de jus d’orange.

L’année dernière, 3,3 milliards de recherches ont été effectuées quotidiennement sur Google. Cela équivaut à 660 tonnes de dioxyde de carbone par jour et 241.000 tonnes de CO2 par an.

Toutefois, il convient de garder à l’esprit que le moteur de recherche ne représente qu’un aspect des activités de Google, expliquent les chercheurs. La société propose une large gamme d’autres services. Certains d’entre eux ont même une empreinte écologique plus grande que le moteur de recherche.

YouTube

Les émissions de CO2 de YouTube sont ainsi plus importantes que celles du moteur de recherche. Les utilisateurs qui regardent une vidéo sur YouTube pendant dix minutes émettraient un gramme de dioxyde de carbone. Google a calculé que l’utilisation ininterrompue de YouTube sur une période de trois semaines consomme environ la même quantité d’énergie que le volume requis pour fabriquer un lave-linge. Les utilisateurs visionnent des centaines de millions d’heures sur YouTube. Cela réprésente une émission quotidienne de plus de 600 tonnes de dioxyde de carbone. YouTube a ainsi une empreinte écologique de plus de 219 millions de tonnes de CO2 par an.

On observe le même phénomène chez Gmail, la plate-forme de messagerie de Google. Un utilisateur génère une émission annuelle de 1,2 kg de dioxyde de carbone. Gmail compte 900 millions d’utilisateurs. La plate-forme a donc une empreinte écologique de 1,08 million de tonnes par an.

Ville de taille moyenne

Google insiste sur le fait que ses datacenters sont parmi les plus économes au monde. Ces derniers n’utiliseraient que 50% de la consommation d’énergie d’autres centres de données du secteur. Selon Google, la société générerait 1,68 million de tonnes de dioxyde de carbone par an.

Ce volume provient principalement des centres de données de l’entreprise. Google aurait une consommation d’électricité annuelle de près de 2,68 mégawattheures (MWh). Cette consommation est comparable à celle d’une agglomération telle qu’Angers en France.

Mais Google n’est pas la seule société Internet à avoir une empreinte écologique significative. Facebook produit également des chiffres similaires. Selon la société, un utilisateur individuel du réseau social produit 263 grammes de dioxyde de carbone par an. Selon Facebook, c’est moins qu’une tasse de thé (335 grammes) ou de café (340 grammes).

Toutefois, il faut garder à l’esprit que Facebook compte 1,69 milliard d’utilisateurs. La société affirme générer 528.000 tonnes de dioxyde de carbone par an. Les centres de données représentent 80% de ce volume. Au total, Facebook utilise près de 1,04 milliard de kilowattheures par an.

Engagement

Sur Twitter, un tweet génère 0,02 gramme d’émissions. Avec 500 millions de messages, toutefois, ces émissions atteignent un volume quotidien de 10 tonnes de dioxyde de carbone . Il s’agit par conséquent d’une empreinte écologique de 3.652 tonnes par an.

Sur Netflix, un utilisateur produirait 0,5 gramme de dioxyde de carbone par heure, soit moins que la respiration humaine qui génère 40 grammes par heure. Toutefois, pour les 65 millions d’utilisateurs de Netflix, on aboutit à 50 tonnes d’émissions de CO2 par jour. Cela équivaut à une empreinte écologique de 10.200 tonnes par an.

Selon Sophia Flucker, consultante en énergie, la consommation d’énergie pour les données connaîtra une nouvelle croissance exponentielle. Bien que les entreprises fassent de gros efforts pour réduire leur consommation, il est possible de faire plus avec moins d´énergie, explique l’experte.

Les sociétés Internet se sont engagées à réduire leurs émissions de dioxyde de carbone d’ici la fin de la prochaine.

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