Les Casques Bleus sont en déficit de 220 millions de dollars

Les diplomates américains qui ont œuvré pour que les grands pays émergents tels que l’Inde, le Brésil et la Turquie augmentent leur contribution financière au budget de maintien de la paix des Nations Unies ont échoué. Aucun pays ne compensera le manque à gagner de l’Organisation après que Washington a décidé de réduire sa contribution de près de 3 %.

Les Etats-Unis sont encore le plus gros contributeur des budgets de l’ONU. Chaque année, ils versent plus de 10 milliards de dollars, et prenaient en charge 28,5 % du budget de maintien de la paix, qui se monte à 6,7 milliards de dollars. C’est sur ce budget que sont notamment financés les Casques bleus, qui interviennent dans les zones de guerre, du Soudan au Liban.

Trump a limité la contribution américaine à l’ONU à 25 %

Par le passé, le Congrès avait limité la contribution américaine à 25 %, mais cette limitation avait été supprimée par l’administration Obama. Cependant, l’équipe du nouvel hôte de la Maison-Blanche, qui estime que les efforts de paix engagés par cette institution sont inefficaces et se soldent par des gaspillages, a décidé de la ré-instituer au mois de septembre. A l’instar de ses critiques vis-à-vis des autres membres de l’OTAN, le président américain Donald Trump accuse les autres pays de ne pas payer assez et de « profiter de leur amitié avec les Etats-Unis » pour esquiver le paiement de leur dû. 

En conséquence, le budget de maintien de la paix devrait se trouver en déficit de 220 millions de dollars à la fin de cette année budgétaire, qui a débuté le 1er juillet de cette année. 

« Les Etats-Unis sont fermement convaincus qu’aucun Etat membre ne devrait payer plus du quart du budget de l’organisation. L’absence d’accord sur un plafond de 25 % obligera l’organisation à continuer à faire face à un déficit de 3 % de son budget de maintien de la paix car les Etats-Unis ne paieront pas plus de 25 % des dépenses », a indiqué l’ambassadrice américaine Cherith Norman Chalet dans une note. « De nombreux pays bénéficient également de réductions exceptionnelles sur leurs contributions au maintien de la paix. Plus précisément, près de la moitié des États Membres bénéficient d’une réduction de 80 % de leurs contributions au barème des opérations de maintien de la paix. (…) Ce n’est ni raisonnable ni équitable », déplore-t-elle. 

Un changement de ton de Washington à l’égard de l’ONU

La nomination de Nikki Haley comme ambassadrice américaine auprès des Nations Unies a marqué un net changement de ton dans les relations entre Washington et l’ONU. Sous son mandat, les États-Unis ont quitté le Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies, un organisme que Haley qualifiait de « plus gros échec des Nations-Unies ». En outre, elle a fustigé dès sa première intervention à la réunion mensuelle du Conseil de sécurité des Nations Unies la manière dont l’ONU gère la situation au Moyen-Orient.

De même, on a appris en septembre que le gouvernement américain avait aussi décidé de mettre fin à la participation des Etats-Unis au programme d’aide des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), auquel ils contribuaient à hauteur de 1,1 milliard de dollars.

Et cette tendance ne devrait pas évoluer dans le bon sens pour l’ONU en 2019. Nikki Haley, a donné sa démission, et devrait passer la main au début de l’année 2019. On s’attend à ce que son successeur, Heather Nauert, se montre encore plus critique qu’elle ne l’avait été elle-même à l’égard de l’organisation. Récemment, le Secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a estimé qu’il n’était plus évident que l’ONU serve à favoriser la paix. 

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