Les Américains adorent les armes à feu et les firmes d’armement européennes s’en réjouissent

Une fois de plus, l’Europe a fait montre de son incompréhension à la suite de la fusillade à Parkland en Floride le 14 février dernier. Mais cet étalage de bons sentiments n’empêche pas les firmes d’armement européennes de faire de bonnes affaires aux États-Unis, souligne The Economist. Le marché américain des armes légères (c’est-à-dire des pistolets, revolvers, fusils et carabines) est en effet le plus important du monde, et il continue de se développer.

Les Européens ne se gênent pas pour critiquer l’amour des Américains pour les armes à feu, et le laxisme politique dans ce domaine. Le Premier ministre danois, Lars Løkke Rasmussen, en a donné un nouvel exemple vendredi, lorsqu’il a adressé un tweet destiné au président Donald Trump dans le sillage de la fusillade de Parkland au cours de laquelle 17 personnes ont été tuées. « Je n’ai pas l’intention d’interférer, mais permettez-moi de vous donner une perspective danoise. S’il vous plaît, répondez à la demande de vos jeunes qui réclament un contrôle des armes à feu. N’acceptez pas de détenir le record du monde des fusillades dans les écoles. Redonnez à l’Amérique sa grandeur et sa sûreté! », a-t-il plaidé.

Les armes légères européennes ont la préférence

En dépit de son appel, les consommateurs américains devraient encore acheter 14,5 millions d’armes légères cette année, indique Jurgen Brauer, expert chez Small Arms Analytics. Et de plus en plus souvent, ils optent pour des produits d’importation. Ainsi, alors que la part des entreprises étrangères dans les ventes d’armes américaines ne représentait que 10 % au début des années 80, elle a grimpé à 45 % en 2007. Cependant, en 2016, elle était retombée à 33 %.

Or, ce sont surtout des firmes européennes qui tirent leur épingle du jeu. En 2016, elles ont fourni les 3/4 des 3,7 millions d’armes à feu importées par les États-Unis. L’Autriche, où est basée Glock, a assuré à elle seule la vente de 1,3 million d’unités.

Des usines aux États-Unis

Les firmes européennes d’armement choisissent aussi de plus en plus souvent de s’installer aux États-Unis pour être plus proches de leur clientèle. C’est le cas de l’italienne Beretta, qui réalise la moitié de ses ventes aux États-Unis, et qui a ouvert une usine à Galatin, dans le Tennessee, il y a 2 ans. Sig Sauer, une entreprise germano-suisse, est installée aux États-Unis depuis 1990 et a ouvert une grosse usine dans le New Hampshire en 2014. De son côté, Glock, qui équipe les 2/3 des policiers américains, a installé une unité de production en Géorgie. Les Belges ne sont pas en reste, et FN Herstal détient également un site de production en Caroline du Sud.

En 2016, Sig Sauer s’est accaparée 12,3 % des ventes totales d’armes légères aux États-Unis, ce qui fait d’elle le troisième plus gros vendeur du marché américain. Glock était quatrième, avec une part de marché de 7,8 %.

Comme leurs homologues américaines, certaines de ces firmes européennes soutiennent également activement le lobby américain des armes, l’American National Rifle Association (NRA). Glock lui a fait don de plus de 100.000 $ il y a deux ans et Beretta lui aurait donné plus de 1 million de dollars sur plusieurs années.

La tradition de l’excellence

La grande popularité des armes européennes repose avant tout sur leur qualité. Les firmes européennes ont développé une grande connaissance technique, et elles emploient des travailleurs doués d’un grand savoir-faire. Ainsi, Glock a été le premier à utiliser les polymères pour alléger les armes.

Glock et Sig Sauer ont d’abord approvisionné l’armée et la police américaine, avant de convaincre le grand public. « Tout comme dans le secteur du luxe, les armes européennes se vendent bien en raison de leurs excellentes conception et qualité », conclut le journal.

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