Le sperme suisse est de qualité inférieure

Les jeunes hommes suisses possèdent l’un des pires spermes d’Europe, indique une nouvelle étude de scientifiques de l’Université de Genève (UNIGE). La qualité du sperme des jeunes hommes est inférieure aux normes de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Les chercheurs ont testé la qualité du sperme de 2.500 hommes âgés de 18 à 22 ans sur une période de quinze ans.

La Suisse figure parmi les pays les plus touchés par une diminution de la qualité du sperme en termes de concentration, de morphologie et de mobilité des spermatozoîdes.

60%

« Nous avons découvert que le sperme suisse est généralement de mauvaise qualité », souligne Serge Nef, directeur de recherche, professeur de médecine génétique à l’Université de Genève. L’étude a révélé qu’au moins un des trois paramètres (concentration, mobilité et morphologie) était inférieur aux seuils fixés par l’OMS pour 60% des hommes suisses et que 5% avaient un problème concernant ces trois facteurs en même temps.

Selon les seuils établis par l’OMS en 2010, les résultats de l’étude indiquent que 17% des jeunes hommes avaient une concentration de sperme inférieure à 15 millions par ml et 25% avaient moins de 40% de spermatozoïdes mobiles.

Selon plusieurs experts, il serait toutefois exagérer de parler d’une situation alarmante. On ne peut pas prétendre, au vu que de ces résultats, que la capacité reproductive des hommes suisses pourrait être compromise.

Laurent Vaucher, urologue à la clinique de Genolier, souligne que la qualité des spermatozoïdes n’aura pas nécessairement des conséquences sur la fertilité du couple à un moment donné. Un homme hypofertile peut être compensé par une femme dont la fertilité est normale, explique l’urologue. En outre, la qualité du sperme varie de trois à six mois.

Tabagisme

Les chercheurs ont également expliqué qu’il n’y a pas de différences de qualité du sperme entre les différentes régions géographiques ou linguistiques de Suisse. Aucune différence n’a été constatée entre les régions rurales et urbaines. Il s’agit de la première étude nationale sur la qualité du sperme en Suisse. On ne peut donc pas évoquer une diminution de la qualité du sperme ces dernières années.

De nombreuses études épidémiologiques menées dans les pays industrialisés au cours des dernières décennies ont montré une baisse de la qualité du sperme. En cinquante ans, la concentration moyenne de spermatozoïdes est passée de 99 millions par ml à 47 millions par ml.

À titre de comparaison, les hommes suisses avec une concentration de 47 millions par ml se situent au bas du peloton aux côtés de leurs homologues du Danemark, de Norvège et d’Allemagne.

Les causes de la qualité médiocre du sperme restent également obscures. Durant l’étude, les sujets et leurs parents ont fourni des informations sur le mode de vie et la santé. Le professeur Nef a expliqué que cela pouvait être dû à des facteurs environnementaux tels que les pesticides ou à des facteurs liés au mode de vie tels que le tabagisme, la consommation d’alcool, la consommation de drogues ou le surpoids.

Enfin, les recherches actuelles suggèrent que cette baisse de qualité du sperme est plus fréquente chez les hommes exposés au tabagisme maternel au cours du développement embryonnaire.

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