Le gouvernement espagnol augmente le salaire minimum de 22%

Alors que l’on ne parle plus que de la hausse de 100 euros du « SMIC » français que le président français Emmanuel Macron vient d’accorder, le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, vient d’annoncer que le salaire minimum du pays allait être augmenté, quant à lui, de… 22,3 %.

« Un pays riche ne peut pas avoir de travailleurs pauvres », a déclaré Pedro Sanchez (notre photo) pour justifier sa décision.

La hausse la plus spectaculaire en 40 ans

 Le « SMI », qui est actuellement de 859 euros mensuels, sera porté à 1050 euros dès le mois de janvier 2019. (En pratique, le SMI est actuellement fixé à 637 euros, et devrait donc passer à 900 euros. Mais comme le salaire espagnol est versé en 14 mensualités, cela revient à 1050 euros par mois). C’est la hausse la plus importante depuis… 1977, soit il y a une quarantaine d’années. 

1,3 d’employés espagnols devraient profiter de cette mesure, plus 700 000 employés agricoles, et 400 000 femmes de ménage, dont les salaires horaires devraient également augmenter. De même, elle devrait permettre d’atténuer les écarts entre les salaires des hommes et des femmes, parce que celles-ci représentent plus de la moitié des personnes rémunérées au SMI (57 % exactement). 

Le gouvernement a évalué qu’elle devrait coûter 340 millions d’euros par an à l’Etat. Mais en contrepartie, les recettes de cotisations sociales devraient augmenter de 1,5 milliard d’euros par an, ce qui permettre d’absorber ce surcoût. 

Le patronat vent debout

Les syndicats du patronat et les partis d’opposition sont vent debout contre cette augmentation, d’autant qu’ils n’ont pas été consultés. Ils estiment qu’elle risque de remettre en cause des créations d’emplois, et de favoriser le travail au noir. Selon le gouverneur de la Banque d’Espagne, Pablo Hernández de Cos, les entreprises pourraient même se séparer de 0,8 % de leurs effectifs, soit 150 000 personnes, en raison de cette hausse. « Elle va avoir l’effet inverse de celui qu’elle est censée avoir, et nuira à ceux que nous voulons aider le plus, les jeunes », a-t-il prédit.

Depuis la crise financière, les salaires espagnols se sont érodés de 4 %

Depuis la crise de 2008, les salaires ont perdu 4 % en Espagne, indique l’Organisation internationale du travail. Les hausses de plus de 1 % observées en 2013 et 2014 n’ont pas permis de compenser cette érosion, et les salaires stagnent désormais. Or, d’un autre côté, les loyers flambent. Ils avaient grimpé de 15,6 % annualisés au second trimestre de cette année. Depuis 2010, les logements madrilènes sont 30 % plus chers, et à Barcelone, la hausse culmine même à 35 %. 

Le gouvernement précédent du Premier ministre conservateur Mariano Rajoy avait lui-même envisagé une hausse du SMI, quoique plus limitée, pour le porter graduellement à 850 euros en 2020, si la croissance économique annuelle s’établissait à plus de 2,5 %, générant une création d’au moins 450 000 emplois. 

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