La Tour Chrysler, une icone de New York, est à vendre

Le Chrysler Building, l’une des célébrissimes tours du quartier new-yorkais de Manhattan, est à vendre. Ses propriétaires actuels, le fonds souverain d’Abou Dhabi (Adic) et le promoteur américain Tishman Speyer, ont mandaté la société CBRE Group pour le mettre sur le marché. 

Ces dernières années, de gros investisseurs étrangers et américains se sont rués sur d’autres bâtiments iconiques, tels que les tours Willis de Chicago, ou l’Hôtel Waldorf Astoria de New York, et les actuels propriétaires du Chrysler Building misent sur cette tendance. Mais le fonds d’investissement d’Abou Dhabi avait payé 800 millions de dollars pour acquérir 90 % des parts de l’immeuble lorsqu’il s’en était porté acquéreur en 2008, et selon un certain nombre d’experts, il n’est pas certain qu’il récupère la totalité de sa mise avec cette revente.

Un édifice iconique

Le bâtiment, qui est âgé de près de nonante ans, fait partie de l’histoire de la ville, et sa silhouette est indissociable de sa ligne d’horizon. Mais il est aussi en concurrence avec des édifices bien plus modernes, conçus pour satisfaire les goûts actuels, avec des matériaux leur conférant une luminosité inégalable, et des équipements modernes tels que de vastes terrasses extérieures, ou des centres de remise en forme ultramodernes. 

La forte hausse du coût des locations à Manhattan, ainsi que les frais d’entretien et de remise à niveau d’un bâtiment risquent également de décourager nombre d’acquéreurs potentiels. « Quand quelque chose se casse, cela prend beaucoup plus de temps à la réparer car il n’ya qu’un seul homme sur la planète qui dispose des outils nécessaires pour réparer ce qui remonte aux années 1920 et 1940 », commente Adelaide Polsinelli, vice-présidente de la division vente et location d’investissements commerciaux de la société de services immobiliers Compass.

Conçu avec l’ambition d’en faire le plus grand immeuble du monde

Le Chrysler Building a été conçu par William Van Alen pour le promoteur William H. Reynolds et il a été construit entre 1928 et 1930, avec l’ambition d’en faire le plus grand immeuble du monde. Mais c’est finalement le pionnier de l’automobile, Walter P. Chrysler, qui achèvera ce projet. 

Chrysler et Van Alen s’étaient engagés dans une bataille contre la Bank of Manhattan, qui voulait elle aussi faire de sa construction au 40 de Wall Street la plus haute tour du monde. Ce n’est que grâce à sa flèche de 54,4 mètres, construite secrètement puis assemblée au 65ème étage que le Chrysler avait remporté cette course, culminant à 319 mètres du haut de ses 77 étages. Mais il n’a pas gardé ce titre très longtemps, puisqu’il a été dépassé un an plus tard par l’Empire State Building, qui avait atteint une hauteur de 381 mètres.

Néanmoins, l’immeuble a hébergé le siège social du constructeur Chrysler Corp. jusqu’en 1953.

L’immobilier, un placement plus sûr en ces temps d’instabilité boursière

Sa mise en vente intervient à un moment où le marché de l’immobilier de bureau à Manhattan s’est fortement refroidi depuis son pic de 2016. En 2017, les prix ont amorcé une forte baisse lorsque les investisseurs chinois ont commencé à se retirer. Toutefois, l’année dernière, on a observé une reprise à la faveur de l’instabilité des marchés financiers, qui pousse certains investisseurs à se retrancher dans l’immobilier, un placement qui semble plus sûr. 

Les propriétaires actuels du bâtiment ont investi plus de 100 millions de dollars pour le moderniser, mais il est probable que le nouveau propriétaire sera contraint d’investir encore davantage s’il veut séduire de nouveaux locataires, à l’image de ce qui a été fait pour l’Empire State Building. Ce dernier a bénéficé d’un important programme de rénovation de 550 millions de dollars en 2006, et aujourd’hui, il compte LinkedIn, Expedia et Shutterstock parmi ses locataires les plus prestigieux.

Une valeur sûre pour séduire les géants de la technologie

De même, le nouveau propriétaire du Chrysler Building s’expose à des coûts de location exorbitants. Le terrain sur lequel le gratte-ciel est construit appartient à la Cooper Union School. Il y a deux ans, le bail se montait à 7,75 millions de dollars, mais il a grimpé à 32,5 millions de dollars l’année dernière, et devrait être porté à 41 millions de dollars en 2028, sans parler des coûts associés. 

Néanmoins, les édifices des années trente du siècle dernier exercent toujours un certain attrait, en raison de leur architecture particulière, mais aussi de la fiabilité de leur construction. Ils sont même particulièrement prisés par certaines firmes du secteur des technologies, et l’année dernière, Google n’a pas hésité à débourser 2,4 milliards de dollars pour s’offrir un entrepôt du 19e siècle, le Chelsea Market.

© Flickr/Rick Harris

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