La police allemande renforce ses effectifs… avec des Polonais

La police allemande souhaite pourvoir 15.000 postes de policiers d’ici 2022 pour faire face à la demande pour plus de sécurité et aux menaces terroristes. Mais dans un contexte de quasi-plein emploi, les jeunes Allemands préfèrent se faire embaucher par des firmes telles que BMW ou Siemens, et boudent les postes offerts. Qu’à cela ne tienne : les officiers des forces de police du Land de Brandebourg ont décidé de franchir la frontière voisine, pour recruter des Polonais.

Les recrutements de policiers polonais ont débuté en 2016. Un site internet en polonais a même été mis en ligne pour vanter les postes proposés. “Grâce à l’Europe sans frontière… votre nationalité n’a aucune importance”, peut-on y lire.

Une pénurie de candidats

En Allemagne, tous les secteurs recrutent actuellement. L’essor économique actuel a généré une pénurie de main d’oeuvre, et au mois de mars, on dénombrait 778 000 postes vacants dans le pays, en hausse de 2,2 % par rapport à la fin de l’année 2017.

Les services de police des Länders plus pauvres comme celui du Brandebourg se retrouvent non seulement en compétition avec des firmes renommées et les avantages nombreux qu’elles proposent, mais aussi avec les services de polices des régions plus riches, qui proposent des conditions plus attractives aux candidats. “Les gens préféreront aller dans des États plus riches comme la Bavière, ou Hambourg, parce que la police ici est vraiment mal payée”, déplore l’officier de police Wilko Möller, qui travaille dans la ville brandebourgeoise de Francfort-sur-l’Oder.

La hausse du trafic transfrontalier

Mais la pénurie de candidats n’est pas l’unique motivation. La région, qui est frontalière avec la Pologne, est confrontée à une forte hausse du trafic transfrontalier depuis quelques années. Dans ce contexte, il devient nécessaire de disposer d’agents capables de s’exprimer en polonais.

Les agents des polices allemande et polonaise collaborent déjà entre elles, se joignant l’une à l’autre pour effectuer des patrouilles, et poursuivre les délinquants dans chaque pays.

Selon Rainer Grieger, les Polonais manifestent un vif intérêt pour ces propositions d’emploi. Une centaine de candidatures ont déjà été reçues ; 9 ont débuté leur formation à l’académie d’Oranienbourg, et 46 autres devraient les rejoindre. Un grand nombre de candidats ne maîtrisent pas bien l’allemand, mais il est prévu de leur donner des cours de langue intensifs.

La criminalité est en baisse, mais la population réclame toujours plus de sécurité

De façon remarquable, ces renforts des effectifs policiers surviennent alors que la criminalité est en baisse dans le Brandebourg.

Mais ce n’est pas la perception de la population, qui réclame toujours plus de sécurité, notamment depuis que l’Allemagne a accueilli un million de réfugiés entre 2015 et 2016. La majorité de ces migrants respectent la loi, mais en dépit de cela, certains citoyens pensent qu’ils posent une menace pour leur sécurité, et réclament donc plus de force policière.

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