La nouvelle vogue en Italie : les calendriers 2019 à l’effigie de Mussolini

En Italie, le dictateur Benito Mussolini fait un « come back » au travers de calendriers et d’articles divers à son effigie. Il semble que l’arrivée au pouvoir du parti d’extrême-droite de la Lega ait levé un tabou, et les admirateurs nostalgiques ne cachent plus leur ferveur pour cette figure de l’histoire italienne.

Gamma 3000, un imprimeur romain qui édite des calendriers à l’effigie du « Duce » depuis les années nonante du siècle dernier, est maintenant en concurrence avec 3 autres firmes. Chaque année, 10 000 exemplaires de ces calendriers sont écoulés, souvent à l’intérieur de journaux. Mais Renato Circi, le CEO de Gamma 3000, a noté que la demande pour ces calendriers avait augmenté, en particulier auprès des jeunes, depuis l’accession au pouvoir du parti de La Lega.

Une nostalgie qui ne se cache plus

De même, on peut aussi trouver des bouteilles de vin à l’effigie de Mussolini, Hitler et Staline. « Les gens les achètent pour faire des cadeaux, peut-être pour leurs amis fascistes », explique un caviste qui vend de telles bouteilles. 

Benito Mussolini, surnommé « le Duce », est l’inventeur du fascisme. Arrivé au pouvoir en Italie en 1922, il met en place l’un des premiers régimes totalitaires, basé sur la propagande, le musellement de la presse et la répression des opposants. En 1935, il se rapproche d’Hitler, et fait entrer son pays en guerre aux côtés des nazis. Un peu plus tard, il débute une politique raciste, d’abord à l’égard des Éthiopiens, qui s’étendra à partir de 1938 aux Juifs italiens. Des millions de juifs seront persécutés sous ses ordres. Après son assassinat par des partisans à la fin de la guerre, son cadavre a été exposé, pendu à un croc de boucher par la foule en colère sur la place Loreto à Milan, le 29 avril 1945.

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Cette nostalgie s’explique sans doute par la figure autoritaire de Mussolini, que certains Italiens admirent encore comme le dernier « homme fort » du pays, qui a non seulement rétabli l’ordre public, mais amélioré la vie quotidienne de ses compatriotes grâce à la construction d’école, de logements, et de routes, entre autres.

Mais cette ferveur n’était jusqu’ici pas bien perçue, et en 2017, le gouvernement de centre gauche du Premier ministre d’alors, Matteo Renzi, avait tenté de faire adopter une loi visant à restreindre la vente d’articles à l’effigie du dictateur. Mais la loi n’avait jamais été validée par les deux chambres du pays avant le départ de Renzi du pouvoir, peu après

L’ascension au pouvoir de la Lega semble avoir dédiabolisé les mouvements d’extrême droite

Les sympathisants d’extrême droite italiens nostalgiques ont toujours entretenu l’esprit de Mussolini, mais récemment, l’ascension de la Lega, le parti populisme de droite du vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur Matteo Salvini, semble avoir affaibli le stigma qui y était associé. Salvini, qui imite lui-même le style de communication de Mussolini, le cite aussi parfois dans ses discours. Au cours des meetings du parti, certains sympathisants apportent des pancartes à l’effigie du dictateur. D’autres mouvements plus radicaux semblent profiter de cette « dédiabolisation » de l’extrême droite pour sortir de l’ombre. Les sympathisants des partis néo-fascistes Forza Nuova et CasaPound ne se cachent plus, et organisent des marches de plus en plus fréquentes.

« Les partisans de Salvini ne sont pas forcément fascistes, mais ils n’acceptent pas le rejet d’office du fascisme. En conséquence, ça ne les choque pas que leur chef cite Mussolini, car pour eux, il s’agit plus de rejeter la supériorité morale de la gauche qui condamne le fascisme », explique Antonio Scurati, un romancier auteur de M, un roman sur l’ascension au pouvoir de Mussolini. Lui-même a profité de cette popularité renouvelée pour le Duce, qui a propulsé son ouvrage parmi les best-sellers du moment le mois dernier. Mais il précise que son lectorat est composé à 99 % d’Italiens anti-fascistes.

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