La loi des 90 minutes: comment découper notre travail en cycles permet d’augmenter notre productivité

[PICTURE|sitelpic]De nos jours, les journées de travail sont plus trépidantes que jamais, entre les nombreux emails et les réunions, et de plus en plus de salariés choisissent de sauter la pause déjeuner ou de s’alimenter rapidement avec des mets peu nourrissants pour soutenir cette cadence. Mais c’est un mauvais choix, affirme Tony Schwartz, CEO de the Energy Project qui est aussi l’auteur de « Be Excellent at Anything » dans le New York Times. Il rappelle que de plus en plus de recherches indiquent que le « renouvellement stratégique », c’est à dire faire de l’exercice en cours de journée, dormir plus durant la nuit, faire de courtes siestes dans l’après-midi, prendre plus de vacances et plus de temps libre hors du bureau, améliore non seulement la santé, mais aussi la productivité et la performance au travail. Paradoxalement, le meilleur moyen d’en faire plus, c’est de passer moins de temps au travail, en clair.

Lorsque nous avons plus de travail à faire, il est tentant d’augmenter le temps que l’on y consacre. Mais le temps est une ressource finie, et il n’est pas possible d’augmenter indéfiniment le temps que nous passons au travail. En revanche, nous pouvons accroître notre énergie, qui, au contraire du temps, est renouvelable. Cette philosophie est contre-intuitive, et elle va à l’encontre du système de valeurs habituel des entreprises, qui glorifient souvent les heures supplémentaires.

Cependant, les études montrent toutes que plus de sommeil, que ce soit au travers de nuits plus longues, ou de siestes en journée, augmente la productivité. Les recherches effectuées sur les vacances aboutissent à des conclusions similaires.

Dans les années 1960, le professeur Kleitman a découvert que notre état de veille, comme notre sommeil, était composé de cycles durant lesquels nous passons progressivement d’un état où nous sommes alertes à un état de fatigue physiologique grosso modo toutes les 90 minutes. Notre corps nous envoie des signaux pour réclamer une pause, mais la plupart du temps, nous ignorons ces signaux.

Anders Ericsson et ses collègues de l’université d’Etat de la Floride ont étudié des athlètes, des musiciens, des acteurs, et des joueurs d’échecs, et démontré que les meilleurs d’entre eux s’entraînaient pendant des sessions qui ne dépassaient pas 90 minutes. « Pour maximiser les gains de la pratique de long-terme, les individus doivent éviter l’épuisement et ils doivent limiter leur pratique à une durée à partir de la quelle ils pourront récupérer complètement sur une base quotidienne ou hebdomadaire », conclut Ericsson.

Schwartz explique qu’il a expérimenté lui-même cette méthode lorsqu’il a rédigé son dernier ouvrage, se tenant à des sessions d’écriture de 90 minutes. Alors que la rédaction de ses 3 premiers livres lui avait pris une année, il ne lui fallu que 6 mois pour achever ce dernier. L’organisation de sa société a été pensée pour optimiser les repos de ses salariés, qui bénéficient d’une salle de repos, sont invités à faire des siestes et à profiter de longues pauses pour le déjeuner, et ont également la possibilité de travailler de chez eux. 

« Notre idée de base est que l’énergie que les employés apportent à leur travail est bien plus importante en terme de valeur pour leur travail que le nombre d’heures qu’ils travaillent. En gérant l’énergie de façon plus compétente, il est possible d’en faire plus, en moins de temps, et plus durablement ». En une décennie, aucun salarié n’a quitté la société, observe-t-il.