La crise économique force les femmes vénézuéliennes à devenir mères

Les femmes vénézuéliennes sont les premières victimes de la crise économique qui sévit dans le pays. Malgré les promesses du gouvernement socialiste d’offrir à chaque femme un accès à la planification familiale, plusieurs professionnels de la santé indiquent que l’accès à la contraception reste insuffisant.

Des organisations internationales ont commencé à importer des dizaines de milliers de contraceptifs cette année, mais ces efforts sont encore limités.

Chavez

« Au cours de la présidence de feu Hugo Chávez, le gouvernement du Venezuela a élargi ses services destinés à aider les mères pauvres en leur fournissant un soutien financier mensuel. La constitution rédigée par Chavez en 1999 garantit aux femmes des services complets de planification familiale parmi une foule d’autres avantages », explique Christine Armario, correspondante sud-américaine de l’agence de presse Associated Press (AP).

« La révolution socialiste devrait être féministe », avait déclaré à l’époque Hugo Chavez. En dépit de ces initiatives, le gouvernement de Chávez n’a réalisé que de modestes progrès dans l’amélioration de l’accès aux contraceptifs. Selon des données gouvernementales, les grossesses précoces ont continué à augmenter régulièrement au cours de son mandat.

Nicolas Maduro, le successeur de Chavez, a lui aussi peu fait pour renverser la situation. Confronté à une crise économique pire que la Grande Dépression américaine des années 1930, Maduro s’est battu pour faire avancer le programme de son prédécesseur. Cependant, actuellement, peu de femmes, voire aucune, ne reçoivent encore d’aide économique, hormis des bonus occasionnels équivalant à un dollar ou deux. Par ailleurs, les taux de mortalité maternelle ont augmenté de plus de 65% entre 2015 et 2016.

« Sous Maduro, nous avons assisté à un revers sans précédent », explique Luisa Kislinger, une militante des droits des femmes. « Les femmes tombent enceintes et n’ont pas d’option. Elles sont forcées à devenir mères. »

Le Venezuela pourrait réduire son taux élevé de mortalité maternelle d’un tiers en fournissant des contraceptifs. Selon des chiffres de 2012, 23% de toutes les naissances se devaient à des grossesses précoces. Selon certains organismes de santé indépendants et de défense des droits des femmes, ce taux atteindrait maintenant 28%. Le taux de grossesse des adolescentes au Venezuela est d’environ 85,3 pour 1.000 adolescents âgés de 15 à 19 ans.

Émigration

« Maduro a nié pendant des années que son pays traversait une crise humanitaire« , indique encore Armario. Il a récemment accepté l’aide internationale. Cependant, la majeure partie de cette assistance concerne les aliments et les médicaments. Seule une petite partie est consacrée à la santé reproductive.

Le Fonds pour la population des Nations Unies a importé jusqu’à présent 45.000 implants hormonaux avec l’autorisation du gouvernement. Cependant, les experts estiment que le Venezuela aura besoin de beaucoup plus pour répondre aux besoins des quelque 9 millions de femmes menacées de grossesse dans le pays.

Par conséquent, parmi les millions de Vénézuéliens qui ont choisi de fuir se trouvent des milliers de femmes enceintes. Plus de 26.000 femmes vénézuéliennes ont accouché depuis août 2015 en Colombie.

« Cette hausse met également à rude épreuve le système de santé colombien déjà fragile », conclut Armario.

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