En Islande, on transforme le CO2 en roche

En Islande, à une trentaine de kilomètres de Reykjavik, une centrale géothermique récupère son dioxyde de carbone (CO2) pour le fixer dans la roche, reproduisant en quelques mois un processus naturel qui peut prendre plusieurs milliers d’années : la minéralisation du dioxyde de carbone.

C’est que le temps presse. Le rapport spécial du GIEC publié fin 2018 dresse le sombre tableau de ce qui nous attend si le réchauffement climatique venait à dépasser les 1,5°C (par rapport aux niveaux préindustriels).

Enfouir le CO2 sous la terre

Afin de contenir les émissions de CO2, une équipe internationale développe donc depuis plusieurs années ce projet original : capturer les émissions de dioxyde de carbone pour les enfouir sous terre.

En 2012, l’équipe de chercheurs et d’ingénieurs du projet CarbFix a réalisé une injection-test de dioxyde de carbone dans des roches poreuses de basalte dans d’anciens puits de forage en Islande. Deux ans plus tard, 95% du CO2 injecté s’était transformé en roches. Le projet pilote, décrit dans cet article de la revue Science de juin 2016, est maintenant reproduit à grande échelle à la centrale géothermique de Hellisheidi, à l’est de la capitale Reykjavik.

Pas de remède miracle

CarbFix est une collaboration entre l’électricien Reykjavik Energy, les universités d’Islande et de Columbia aux Etats-Unis, et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français. À Hellisheidi, environ un tiers du dioxyde de carbone émis est maintenant transformé en roches. Pour cela, le CO2 est tout d’abord dissous dans une grande quantité d’eau, puis l’eau gazeuse est injectée à haute pression dans la roche basaltique riche en minéraux, où des réactions chimiques entraînent la solidification du CO2. Ainsi capturé dans la roche, le dioxyde de carbone ne peut pas s’échapper du sol et passer dans l’atmosphère.

Comme on peut trouver des formations basaltiques dans le monder entier, la même technique pourrait être reproduite ailleurs. Le processus de séquestration géologique nécessite par contre de grandes quantités d’eau dessalée, environ 25 tonnes d’eau par tonne de CO2 capturé. Des expériences sont en cours avec de l’eau de mer.

Cependant, il ne faut pas oublier que des projets comme celui-ci ne sont pas un remède miracle : il faut continuer les efforts pour réduire nos émissions de CO2.

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