Conflit commercial sino-américain : les négociations tournent à la guerre

Le différend commercial entre les États-Unis et la Chine s’intensifie. La brève réconciliation semble toucher à sa fin, à présent que les deux parties se lancent des joutes par le biais des médias.

Le week-end dernier, Larry Kudlow, le conseiller économique du président américain Donald Trump, a admis sur la chaîne d’information américaine Fox que les taxes à l’importation que les États-Unis perçoivent actuellement sur les produits chinois sont effectivement payées par le consommateur américain. Jusqu’à présent, son patron affirmait que la Chine versait simplement ce montant dans les coffres du Trésor américain, mais la réalité est un peu plus complexe. Trump sait bien que ce sont les Américains qui paient, mais un tel « sales pitch » n’est évidemment pas très vendeur.

Lundi également, le conflit commercial sino-américain a suscité beaucoup de nervosité auprès des investisseurs. Ce n’est pas si étonnant, compte tenu qu’une règle empirique dans les négociations veut qu’elles se déroulent à huis clos. Ce temps est clairement révolu. La semaine dernière, Trump a blâmé la Chine dans une série de tweets. Lundi, des éditoriaux ont été publiés dans une série de journaux chinois. Dans ces journaux, une série de choses qui suscitent le désaccord de la Chine ont été énumérées de manière claire. L’indice boursier américain Dow Jones a perdu pas moins de 617 points, la plus forte perte de l’année. Cela s’est produit après que la Chine a annoncé qu’elle allait également taxer les importations américaines. Le taux actuel de 5 % est maintenant porté à 25 %.

Pour Trump comme pour les Chinois, il sera désormais difficile de revenir en arrière [et de perdre la face], même si c’est ce que l’on souhaite.

La guerre commerciale se déroule maintenant dans la rue

Avec l’augmentation et l’extension des droits d’importation, le conflit commercial sino-américain se joue maintenant dans la rue, ce qui réduit les chances qu’il s’achève de façon heureuse. Et cela  s’accompagne également d’une série de menaces des deux côtés.

Mais il y a d’autres intérêts en jeu :

  • Selon la Bank of America, une guerre commerciale menace de déclencher une récession mondiale. Or, le monde n’est absolument pas préparé à une telle éventualité.
  • Lorsque les marchandises chinoises deviendront plus chères aux États-Unis, l’inflation s’en trouvera inévitablement alimentée. De nouvelles baisses de taux d’intérêt – une priorité pour Trump – deviennent alors encore moins réalistes.
  • Dans deux tweets qu’il a postés dimanche matin, Trump écrit qu’il a l’intention d’acheter en masse des produits agricoles américains et de les donner aux pays pauvres. Il veut le faire avec l’argent que l’Amérique perçoit par le biais des droits d’importation. Une excellente recette pour marginaliser totalement les agriculteurs locaux.

Selon l’expert de la Chine Patrick Chovanec, le monde est maintenant pris au piège dans un conflit dans lequel les deux parties se considèrent comme les plus fortes.

« Quiconque veut quela Chine mette en œuvre des réformes structurelles doit obtenir un engagement réel de sa part. (…) Parce que si la Chine est forcée de faire des affaires dont elle est convaincue qu’elles vont à l’encontre de ses intérêts, à un moment donné, elle trichera à nouveau, le contestera, ou annulera cet accord. Ce ne sera qu’une question de temps, parce qu’elle n’y aura pas adhéré ».

Les marchés financiers trouvent dans chacun des tweets de Trump une excuse pour espérer que tout cela n’est que temporaire. Ils oublient que Trump voulait déjà ces droits d’importation lors de la campagne en 2015-2016.

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