10 % de droits de douane : la guerre commerciale sino-américaine devient le nouveau normal

Dans une série de tweets, le président américain Trump a annoncé de nouveaux droits de douane jeudi soir dans la guerre commerciale avec la Chine. Son pays imposera des taxes d’importation supplémentaires sur les produits chinois à partir de septembre. Une taxe de 10 % sur un montant de 300 milliards de dollars (plus de 270 milliards d’euros) de produits chinois. Cela inclurait l’électronique, les chaussures de sport et les jouets.

Ces nouvelles taxes s’ajoutent aux droits de douane de 25 % sur 250 milliards d’euros de produits chinois appliqués depuis un certain temps sur l’acier et d’autres composants industriels. Une fois que ces nouvelles taxes entreront en vigueur, pas un seul produit fabriqué en Chine n’entrera aux États-Unis sans être soumis à une taxe à l’importation.

Trump envoie un tweet : le Dow Jones lâche près de 600 points ; le prix du pétrole baisse de 7 %

Après les tweets du président, le Dow Jones a perdu près de 600 points. Ce sont surtout les fabricants d’électronique grand public comme Apple (-2%) et les détaillants qui en ont payé le prix. Le prix du pétrole a également enregistré sa plus forte chute depuis février 2015 (-7 %).

Les premières réactions du monde des affaires aux tweets du président sont alarmantes. Selon l’ American Apparel & Footwear Association , qui représente les fabricants de vêtements et de chaussures de sport, 46 % de tout ce qui est vendu aux États-Unis provient de Chine. Même son de cloche dans le secteur de la technologie. On estime que deux produits sur trois vendus aux États-Unis sont fabriqués en Chine.

Selon la chaîne d’affaires CNBC, les tweets ont été dictés au président par une équipe de négociateurs. Certains d’entre eux revenaient tout juste de Chine. Parmi eux, le ministre des Finances Steven Mnuchin, le conseiller en économie et commerce Larry Kudlow, le chef de cabinet Rick Mulvaney et le conseiller commercial Peter Navarro. La présence de Mnuchin et de Kudlow en particulier renforce le doute sur le monde des affaires. Tous deux sont traditionnellement considérés comme les négociateurs les plus flexibles et les plus frileux.

« Constructif » a une signification différente pour les parties impliquées

Plus tôt cette semaine, les négociations entre les représentants des deux pays ont été interrompues prématurément, avec la promesse de se réunir de nouveau en septembre. Les deux parties ont qualifié les négociations de « constructives ». Toutefois, les deux parties interprètent la rupture des négociations d’une manière différente.

Dans le journal du régime chinois Global Times, on pouvait lire que la Chine s’attendait à plus de « goodwill » (‘bonne volonté’) de la part des Américains. Ce goodwill ne s’est pas matérialisé malgré la promesse chinoise d’acheter davantage de produits agricoles aux Etats-Unis.

Selon les experts chinois, les tweets de Trumps jettent encore plus d’huile sur un feu déjà en expansion. Les Chinois et leurs négociateurs les trouvent offensants. Cela devrait garantir un soutien encore plus grand de la population pour le président Xi Jinping dans la guerre commerciale. Parce qu’il devient maintenant clair que rien n’indique que les États-Unis tiennent parole. On s’attend à ce que les succursales américaines en Chine et leur personnel en paient le prix.

Une guerre commerciale ? La Chine réfléchit en termes de 100 ans; les Américains, en termes de 4 ans

Selon un éditorial du Global Times, la Chine choisira de se concentrer sur son développement national et considère la guerre commerciale comme un statu quo et un nouveau normal. C’est peut-être aussi du bluff, mais il en va de même de l’autre côté. Lors d’une conférence de presse impromptue, Trump a déclaré que « si la Chine ne veut pas commercer avec les États-Unis, cela leur convient à eux aussi ».

Les Américains ont toujours les meilleures cartes en main, mais cela ne signifie pas que Pékin a l’intention de l’admettre rapidement. Même si l’économie chinoise montre clairement des signes de ralentissement, un schéma familier devient visible. Les Chinois pensent en termes de 100 ans ; les Américains, en termes de 4 ans. Cela donne toujours une longueur d’avance aux Chinois.

Dans la même veine, on a appris jeudi que la Chine importait maintenant de l’orge de Russie. Beaucoup y voient la preuve que la Chine renforce ses liens avec d’autres fournisseurs en vue d’un long conflit.

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