La Grèce est le nouvel eldorado immobilier

La Grèce est devenue l’épicentre d’un boom d’investissements dans le secteur de l’immobilier et du tourisme, rapporte le New York Times. Cette frénésie est favorisée le désir des Grecs de se procurer de l’argent en revendant leurs propriétés, ou à les exploiter pour la location saisonnière. Mais une autre partie de cet essor est issue de la délivrance de « Golden visas » à des étrangers.

Ces « Golden Visas » permettent en effet à des non-Européens d’acquérir la résidence grecque au travers d’un visa renouvelable d’une durée de 5 ans, délivré contre l’acquisition d’un bien immobilier d’au moins 250 000 euros. En 2013, la Grèce a adopté ce dispositif qui était déjà été proposé avec succès au Portugal, en Espagne, ou même à Malte, en y apportant quelques modifications.

Des valises remplies de billets de banque

Dix mille étrangers, dont près de 4000 Chinois, ont profité de cette opportunité qui les dote d’une base en Europe. Ensemble, ils ont dépensé près de 1,5 milliard d’euros en biens immobiliers grecs au cours des 5 dernières années. La capitale Athènes, mais aussi les îles de Corfou et Santorin, sont les places les plus prisées pour ces acquisitions. Les banlieues les plus modestes de la capitale grecque sont aussi la cible de ces placements.

« Les Chinois sont confiants en Grèce, parce que des entreprises publiques chinoises, dont Cosco, qui possède la plus grande partie du port du Pirée, y ont déjà investi », explique Carrie Law, qui préside Juwai.com, une firme d’investissement hongkongaise spécialisée dans l’immobilier. Elle explique qu’ils n’hésitent pas à se rendre en Grèce avec des valises remplies de billets de banque. Le gouvernement chinois a en effet institué des mesures de contrôle de capitaux, et limite les transferts de fonds à l’équivalent de 50 000 dollars par an. Qu’à cela ne tienne : les familles chinoises s’associent et mutualisent leurs mises de fonds, ou effectuent les virements à partir des succursales à l’étranger de leur banque pour contourner ces restrictions.

La manne touristique

D’un autre côté, les Grecs qui possèdent des logements vacants les rénovent pour les offrir en location sur des plate-formes telles qu’Airbnb. Cette nouvelle activité leur apporte souvent un revenu complémentaire bienvenu dans ce pays qui a perdu près d’un quart de son PIB au cours des dernières années. Récemment, les touristes ont commencé à retourner en Grèce, et l’année dernière, le pays a accueilli un nombre record de 33 millions de touristes.

Les grands opérateurs du tourisme comme Thomas Cook et Wyndham Hotels l’ont bien compris, et ont commencé à y investir massivement. Selon Enterprise Greece, l’agence gouvernementale en charge de la promotion des investissements et du commerce, de nombreux projets de complexes touristiques sont actuellement en construction dans le pays méditerranéen.

A cela, il faut ajouter l’intérêt de certains fonds d’investissement pour l’immobilier grec. Ils rachètent aux banques grecques des produits issus de la titrisation de crédits immobiliers, ou de propriétés. Celles-ci, dont les bilans sont grevés de créances irrécouvrables accumulées pendant la crise, sont trop heureuses de pouvoir s’en débarrasser.

Les citoyens grecs payent le prix fort de cette frénésie

Mais la combinaison de ces deux facteurs a un coût pour les citoyens grecs ordinaires. Les prix de l’immobilier, qui s’étaient effondrés de 40 % depuis 2010, ont augmenté de 2 % en 2018, leur première hausse depuis 9 ans. Le programme des « Golden Visas » influence aussi les prix du marché. Ce n’est pas un hasard si le prix demandé pour un grand nombre de biens à vendre à Athènes, Thessalonique ou les îles grecques est exactement de 250 000 euros, le seuil d’investissement minimal pour obtenir la résidence grecque pendant 5 ans.

Et cette tendance ne semble pas prête de se tarir. Le nombre de demandes de permis de construire à gagné 10 % l’année dernière, tandis que les investissements dans l’immobilier sont en hausse de 20 %. De même, sur les 5 dernières années, le nombre des logements convertis en locations saisonnières a été multiplié par 4.

La pression sur les loyers est très forte, et la hausse atteint 30 % dans certaines zones. Comme les Barcelonais, les Grecs ont de plus en plus de mal à se loger. Des militants mettent en garde contre une crise du logement. Le gouvernement en est conscient, et envisage de restreindre les conversions de logements en locations saisonnières.

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