Pourquoi plus personne ne va à l’église ?

L’Eglise catholique ne parvient pas à inverser sa perte de popularité. Il y a plusieurs raisons à cela, mais dans une large mesure, le problème se pose au sein même de l’Église, affirme le journal suisse Le Temps.

Le journal évoque le premier concile du Vatican, datant de la première moitié des années 1960, et au travers duquel le pape Jean XXIII a présenté un certain nombre de réformes fondamentales.

Le week-end

À la fin des années 1960, on baptisait encore 94 % des jeunes enfants en France, et 25 % des Français assistaient encore à la messe tous les dimanches. De nos jours, ces proportions sont tombées à 30 % et 2 %. Néanmoins, plusieurs phénomènes se sont conjugués pour aboutir à cette désaffection en masse de l’Eglise.

En premier lieu, la décision d’abolir les classes le samedi a créé de nouvelles opportunités de loisirs pour les familles, qui ont commencé à se déplacer à la montagne, à la campagne ou sur la côte pour tout le week-end. En parallèle, la voiture, qui s’est banalisée, a également facilité les déplacements. Plus tard, les compagnies aériennes low-cost ont renforcé l’accessibilité des weekends hors du domicile.

En outre, les émeutes des étudiants en mai 1968 ont également contribué à alimenter cette tendance.

La culture

Mais c’est tout de même l’Église catholique elle-même qui semble avoir été la première responsable de cette désaffection, dont on voit bien qu’elle a débuté peu après la mise en oeuvre du Concile Vatican II en 1962.

Avec ce texte, le pape Jean XXIII ambitionnait de redorer l’image du catholicisme, et de le moderniser. POur ce faire, il a tenté d’adapter la liturgie par une réforme douce et progressive.

Pour ouvrir la messe au maximum de croyants, le pape a décidé de mettre fin au latin, et a ordonné aux prêtres de la donner dans la langue de leur pays. De même, il a quasiment aboli la pratique de la confession, tout comme le maigre du vendredi et le jeûne avant la communion. Enfin, il a également permis aux prêtres de s’abstenir de porter la soutane.

Mais ces modifications n’ont apparemment pas été au goût de tous les croyants. Beaucoup ont eu le sentiment d’avoir été trompés, compte tenu qu’il semblait maintenant que les rituels auxquels ils avaient été habitués n’avaient pas de valeur.

Les réformes qui visaient à rapprocher l’Église catholique des gens ordinaires, semblent avoir échoué, et plutôt que d’attirer davantage de fidèles, l’église est parvenue au résultat inverse : elle est devenue élitiste, et non plus culturelle. La nouvelle église était beaucoup moins axée sur la pure piété, et l’obligation a fait place à l’engagement.

« Moins de spirituel, moins de mysticité, moins de magie, moins de hiérarchie. Somme toute un ciel plus abordable? Le latin offrait une certaine universalité, même incompréhensible par le commun. Les anges sont retombés sur terre. Vous enlevez une part du rituel, vous cassez l’ambiance. Les messes deviennent télévisuelles. Pour éviter de se déplacer, on peut vaquer à domicile, prendre l’apéritif et écouter ou jeter un œil sur le culte… », conclut Le Temps.

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