En Chine, Freddie Mercury n’a pas eu le Sida

Après un carton au box-office mondial, deux Golden Globes et quatre Oscars dont celui du meilleur acteur pour Rami Malek, le film Bohemian Rapsody retraçant la vie de Freddie Mercury a débarqué en Chine dans les salles obscures vendredi dernier, mais non sans avoir pu éviter un passage par les ciseaux de la censure.

En effet, de nombreux passages mentionnant la sexualité du chanteur de Queen ou sa maladie ont été supprimés.

Pas d’homosexualité, ni de séropositivité

Exit donc les références explicites ou implicites à l’homosexualité ou à la séropositivité de la star, exit le mot « gay » dans les dialogues. En tout, CNN a compté six scènes manquantes, y compris celle où Freddie révèle son orientation sexuelle à sa compagne, celle de sa rencontre avec son futur partenaire Jim Hutton, ou encore celle où les membres du groupe se travestissent en femmes pour le tournage du clip « I want to Break Free ». Mises bout à bout, les scènes coupées représentent environ trois minutes de film en moins.

Les associations LGBT chinoises comme les cinéphiles ont vivement dénoncé cette censure. Pour Hua Zile, le fondateur de l’association « La voix des camarades » (camarade est le surnom familier des homosexuels), la version chinoise « s’apparente à une œuvre de fiction » et représente un « affront à la vraie vie » de Freddie Mercury. « Pour les homosexuels, c’est extrêmement regrettable ».

L’homosexualité n’est plus illégale en Chine, mais…

Rappelons qu’en Chine, les relations avec des personnes du même sexe ne sont plus punies par la loi depuis 1997, et que l’homosexualité n’a été retirée de la liste officielle des troubles mentaux qu’en 2001. Cependant, l’homosexualité continue d’être perçue comme une malade mentale et une forme de déviance. La pression familiale et sociale exercée sur les homosexuels est très forte, c’est pourquoi beaucoup d’entre eux s’engagent dans des thérapies de conversion coûteuses et barbares.

L’homosexualité est encore largement censurée à la télévision, au cinéma et sur Internet. En 2016, de nouvelles lois ont été adoptées bannissant toute représentation de « comportements sexuels anormaux » dans les films et séries télévisées, citant comme exemples l’inceste, les violences sexuelles ou… l’homosexualité.

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