FMI : “Taxez les super-riches, ils peuvent le supporter”

Une imposition plus élevée des super-riches n’aurait pas d’impact négatif sur l’économie. C’est ce qu’écrit le Fonds monétaire international (FMI), dans son étude semestrielle Global Financial stability Report.

Une imposition plus élevée des super-riches n’aurait pas d’impact négatif sur l’économie. C’est ce qu’écrit le Fonds monétaire international (FMI), dans son étude semestrielle Global Financial stability Report.

Le fonds monétaire estime que les pays du monde sont touchés par une augmentation des inégalités de revenus et devraient donc sérieusement envisager une redistribution des richesses en repensant leur système fiscal.

Dans un éditorial, le journal britannique The Guardian écrit que ce changement annonce un tournant qui offre de nouvelles perspectives pour les partis de gauche. Parmi ces derniers, le parti socialiste britannique (Labour), qui préconise une augmentation des impôts pour les riches.

« En marquant son approbation pour le travail de l’économiste français Thomas Piketty (notre photo), l’instance de surveillance fiscale dit aussi que les pays devraient également envisager de créer des taxes sur la richesse, assises sur l’immobilier et les biens, pour imposer les riches.

Les conclusions du FMI sur la fiscalité offrent un soutien politique important et bienvenu pour le [dirigeant du parti travailliste] Jeremy Corbyn et [son candidat au ministère de l’Economie] John McDonnell, qui cherchent à convaincre leurs électeurs que les projets fiscaux du Labour sont non seulement équitables, mais aussi économiquement viables.

[…] Mais le FMI n’est pas naïf. Le fonds sait que la défense des impôts plus élevés sur les super-riches est une chose, mais qu’obtenir des gouvernements de mettre en œuvre ces mesures en est une autre, parce que les individus fortunés ont plus de poids politique.

« Taxez les super-riches, ils peuvent le supporter »

Le FMI a démoli l’argument selon lequel ce qui est bon pour les super riches est bon pour nous autres, mais ne vous attendez pas à ce que la crème des 1 % l’accepte sans se rebiffer ».

Le graphique du FMI ci-dessous montre comment les impôts sur les revenus les plus élevés de la plupart des pays de l’OCDE ont baissé continuellement depuis 1980, passant d’une moyenne de 62 % à 35 % en 2016 :

Conclusion du FMI: « La théorie fiscale optimale suggère des taux marginaux d’imposition bien supérieurs sur les individus qui gagnent les plus hauts revenus que ceux qui prévalent aujourd’hui ».

Librement traduit : « Prenez l’argent aux super riches. Ils peuvent le supporter ».

Be smart : «Le capital au XXIe siècle » de Thomas Piketty résumé en quelques mots :

La thèse centrale du livre de Piketti se fonde sur une “loi fondamentale du capitalisme” qui veut que depuis le début du capitalisme libéral, le rendement du capital ait toujours été supérieur à la croissance économique. En conséquence, les propriétaires du capital (notamment les héritiers de gros patrimoines) s’enrichissent plus vite que ceux qui doivent constituer leur patrimoine à la sueur de leur front, et qui dépendent des revenus de leur travail. En effet, les salaires (revenus du travail) augmentent seulement avec la croissance économique. Les personnes qui tirent leurs revenus du capital (dividendes, rentes, plus-values financières ou immobilières, etc) peuvent donc développer leur patrimoine bien plus rapidement que les salariés. Les impôts corrigent ce phénomène, mais pas en cas de croissance molle. Or, Piketti prédit qu’une faible croissance d’environ 1 % sera la norme de ce siècle, en raison du déclin démographique des pays occidentaux, et de la délocalisation d’une partie de la production dans les pays émergents. D’un autre côté, les rentes sur le capital devraient atteindre 4 % en raison notamment d’une fiscalité plus favorable. En outre, les personnes fortunées bénéficient de meilleurs conseils financiers, ont accès à des produits financiers plus rentables, elles peuvent prendre plus de risques, ce qui signifie que leurs placements sont bien plus rentables que ceux des personnes plus modestes qui ne disposent que d’un faible capital.