La prochaine crise de l’Europe ?… Les Balkans occidentaux

L’Occident peut commencer à se faire du souci concernant la situation dans les Balkans. C’est ce qui est ressorti lorsque l’on a demandé à un fonctionnaire allemand quel problème lui semblait le plus préoccupant en Europe. Sans hésiter, il a répondu « Les Balkans occidentaux, où une nouvelle crise se prépare, avec le concours de la Turquie et de la Russie. » Non seulement les Russes tentent d’étendre leur influence dans la région, mais la Turquie semble aussi se rapprocher de la Russie. Bien que le président turc Recep Tayyip Erdogan continue à se méfier de la Russie, leur méfiance commune de l’Allemagne et de l’UE ont réuni les deux pays.La Russie déteste l’OTAN et considère l’UE comme un obstacle qui limite son rôle historique de superpuissance dans les affaires européennes. La Turquie s’est détournée de l’UE et elle cherche à étendre son influence sur ses citoyens, en Allemagne et dans d’autres pays.

Fomenter des troubles dans les Balkans : économique et sans risque

Fomenter des troubles dans les Balkans est une possibilité qui peut être réalisée à bon compte et sans prendre trop de risques. C’est pourquoi les deux pays l’envisagent comme une chance qu’ils ne peuvent laisser passer.Tant la Russie que la Turquie ont intérêt à ce que leurs amis dans les Balkans – la Serbie et l’Albanie – en les aidant à redessiner les frontières. La Serbie, qui se fonde sur l’exemple de l’Ukraine, pourrait  annexer une grande partie de la Bosnie peuplée par des Serbes, avec l’aide de la Russie. (Moscou a toujours soutenu Belgrade sur cette question).La Turquie pourrait soutenir l’Albanie si elle souhaitait orchestrer une manœuvre similaire, non seulement dans le Kosovo fortement peuplé d’Albanais, mais aussi en Macédoine, où une grande partie de la minorité albanaise aimerait retourner dans le giron de sa mère-patrie.Jusqu’à présent, c’est surtout la perspective d’une adhésion à l’UE qui a forcé des pays tels que la Serbie, la Macédoine, le Monténégro, le Kosovo et la Bosnie-Herzégovine à maintenir la paix dans les Balkans occidentaux. Chacun de ces pays préférerait plutôt faire partie de l’UE, que de rejoindre la Russie ou la Turquie.

L’UE peut-elle encore accueillir 5 nouveaux Etats des Balkans indisciplinés ?

Mais la probabilité qu’ils soient en mesure de rejoindre l’UE à court terme s’éloigne de jour en jour. Avec le départ de la Grande-Bretagne et la relation problématique avec la Hongrie et la Pologne, les 28 – bientôt 27 – États de l’UE risquent de se montrer très réticents à accueillir ces cinq nouveaux Etats des Balkans indisciplinés, ce qui compliquerait encore plus la gouvernance de l’UE. Ces pays seraient aussi susceptibles de réclamer un soutien financier substantiel, juste au moment où le budget de l’UE perd un grand contributeur net avec le départ de la Grande-Bretagne.La Serbie et l’Albanie ont déjà déclaré que si l’Occident se détournait d’elles, elles n’auraient pas d’autre choix que de se tourner vers l’Est. Cela signifie, en d’autres termes, qu’elles adopteraient un ordre du jour nationaliste, avec l’aide russe et turque.

L’UE ne pourra gérer une crise dans les Balkans sans l’aide des Etats-Unis

Un nouveau conflit dans les Balkans serait une catastrophe pour l’UE. Il impliquerait de nouveaux réfugiés, de la criminalité, la radicalisation de populations musulmanes et la possibilité que des puissances hostiles y étendent leur influence au détriment de l’UE.Selon les Allemands, l’UE ne pourra gérer seule les Balkans. Par conséquent, les États-Unis devront s’en mêler. Mais il semble peu probable que cela corresponde à l’idée que Donald Trumps se fait  d’une politique étrangère intelligente.Trump pense en termes de « deal ». Si elle veut l’intéresser à ses difficultés, l’UE devra donc réfléchir à ce qu’elle peut lui proposer.