Erdogan propose que l’on teste le sang des députés allemands d’origine turque

“Incompréhensible”

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré dimanche que les 11 parlementaires allemands d’origine turque qui ont voté la semaine dernière en faveur d’une résolution visant à qualifier le massacre de 1,5 million d’Arméniens de “génocide”, étaient des porte-parole du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) une organisation politique et terroriste qui revendique l’indépendance des territoires à majorité kurde de la Turquie, et qui a été déclarée  illégale dans ce pays.

Le président turc a également suggéré qu’ils subissent des tests sanguins, afin que l’on puisse voir “quel genre de Turcs ils sont”. Depuis le vote, certains de ces parlementaires ont été menacés de mort sur les réseaux sociaux. Norbert Lammert, le président du Bundestag, et Martin Schulz, le Président du Parlement européen, ont réagi avec indignation.

“Je n’aurais jamais cru possible qu’au 21e siècle, un chef d’Etat démocratiquement élu critique des membres du Parlement allemand en exprimant des doutes sur leurs origines turques, en qualifiant leur sang d’impur”, a dit Lammert. “Quiconque tente d’exercer des pressions sur un parlementaire en utilisant la menace doit savoir cela : en faisant cela, c’est l’ensemble du parlement que cette personne attaque”.

“Un tel acte constitue la rupture intégrale d’un interdit, que je condamne le plus fortement possible. En tant que président d’un parlement multinational, multi-ethnique et multi-confessionel, permettez-moi de faire la mise au point suivante : la liberté des députés de mener leur mandat à leur convenance est un pilier fondamental de nos démocraties européennes”, a écrit Shultz de son côté. Cependant, la chancelière Angela Merkel a essuyé de vives critiques lorsqu’elle s’est contentée de dire mardi qu’elle jugeait “incompréhensibles” les menaces adressées contre les députés. Beaucoup ont estimé que la chancelière aurait dû se montrer bien plus ferme en rejetant plus vivement ces comportements. En ne défendant pas le parlement allemand, la chancelière ne fait que renforcer l’image d’un gouvernement allemand qui fait tout ce qu’il peut pour ménager Erdogan.