Elio Di Rupo: «Un nouveau gouvernement de droite dominé par les Flamands? Inacceptable! “

Le PS renforce sa confiance en lui. Le 1er mai, l’ancien Premier ministre Elio Di Rupo (PS) s’est manifesté pour montrer qu’il était de retour. L’ancien Premier ministre, âgé de 67 ans, est plus ambitieux que jamais. Il veut installer de nouveau un gouvernement de gauche en Wallonie et à Bruxelles, mais surtout au niveau fédéral. La question est de savoir si le président du PS deviendra alors le chef de file ou Paul Magnette, qui en tant que challenger de Di Rupo, n’est certainement pas exclu.

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1er mai: moment où les socialistes se redressent, montent sur l’estrade et se frappent à la poitrine. Mais cette année est spéciale. Comme dans trois semaines, il y aura des élections, chaque militant rouge dooit se mettre au travail. Mais surtout : les socialistes retrouvent leur courage.

Non pas que le rouge remonte aux niveaux historiques qu’il connaissait autrefois. Mais en Flandre, le sp.a de John Crombez reprend de la vigueur. Dans les sondages, ils grimpent et espèrent surprendre tout le monde avec un score à deux chiffres.

Le PS: encore le plus important en Belgique francophone ?

Et en Wallonie et à Bruxelles, c’est la même histoire : le PS s’est éclaté en 2014 et a payé un lourd tribut à la gouvernance d’Elio Di Rupo, que beaucoup de gauche belges francophones ont estimée comme étant « beaucoup trop à droite ». Et même si le PS est toujours en pertes, on s’aperçoit que c’est en Belgique francophone qu’il sera bientôt le plus important, et que ce sera donc à lui de passer à l’action.

C’est de cela qu’il s’agit : reprendre l’initiative. Les contacts avec Ecolo sont bons: après les élections municipales d’octobre 2018, des coalitions vertes et rouges ont été constituées dans de nombreux endroits. Il n’y a guère de rapprochement entre les verts et les libéraux en Belgique francophone, contrairement à à ce qui se passe en Flandre, où Groen et Open Vld gouvernent ensemble Malines, Gand et Ostende, entre autres. Le PS semble également surfer sur cette vague de profits verts : elle facilitera la tâche des coalitions de gauche. En Wallonie, ils sont probablement majoritaires ensemble, comme à Bruxelles. Et au niveau fédéral, un gouvernement composé de socialistes, de verts et de démocrates chrétiens, qui n’excluent pas un tel gouvernement : la soi-disant coalition de l’Olivier.

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Revanche pour Di Rupo

Il y a de fortes chances que le PS puisse à nouveau fournir le Premier ministre. Ce serait une énorme revanche pour Di Rupo, qui a dû céder la place à Charles Michel au Seize pour le poste de Premier ministre en 2014 avec incrédulité. Mais c’est son propre PS, qui, peu de temps après l’élection, a fait l’analyse interne que le premier ministre de Di Rupo leur avait infligé une défaite. Le PS, dirigé par le coming man Paul Magnette (PS), a ensuite opté pour des coalitions régionales rapides en Wallonie et à Bruxelles. Le résultat fut que soudain le MR fédéral voulut unir ses forces à celles de la N-VA, et c’est ainsi que Michel I est né.

Au sein du PS, Magnette n’est jamais devenu tout-puissant : il n’a jamais poussé Di Rupo hors du trône en tant que président du PS, et a perdu la direction du gouvernement wallon en 2017, lorsque le cdH a rejeté le PS et accueilli le MR. La relation entre Di Rupo et Magnette est ténébreuse : le président du parti a décidé lui même que Magnette établirait la liste européenne, et même à son insu, il a envoyé un communiqué de presse aux journalistes pour les informer de sa décision.

Il est donc difficile de savoir qui va bientôt contrôler le PS et qui pourrait s’installer au Seize. « C’est Magnette que nous regardons », disent les socialistes flamands. Mais parmi les démocrates chrétiens, qui pourraient devoir négocier une coalition fédérale avec le PS, certains optent clairement pour Di Rupo. «Au moins, on peut lui parler. Magnette, c’est plus à gauche qu’à gauche. »

La FGTB bientôt au parlement

Il est frappant que le PS se présente comme « le candidat du changement ». Pour un parti qui domine la Belgique francophone depuis des temps immémoriaux, il s’agit d’une revendication ferme. Mais bien sûr, tout tourne autour du gouvernement fédéral, qui a mis en place une politique de centre-droit pour la première fois depuis longtemps. Le syndicat socialiste FGTB a maintenu pendant cinq ans une résistance acharnée contre ce « gouvernement de démolition de droite » et est déjà récompensé : divers dirigeants du syndicat apparaissent sur les listes du PS, dans des lieux éligibles. Les fractions que le PS enverra bientôt à Bruxelles deviendront rouge foncé. Avec un peu d’exagération, le dirigeant de la FGTB, Thierry Bodson, parle d’un « boulevard du totalitarisme soft », lorsqu’il parle de la N-VA et de MR.

Elio Di Rupo est encore plus clair : de nouveau au centre-droit, encore dominé par les Flamands, il appelle cela « inacceptable ». « Nous sommes le candidat du changement, la condition absolue du changement. » Mais pour Di Rupo, l’enjeu est de taille : si son PS fait un autre plongeon et perd éventuellement sa place de numéro un à Bruxelles au profit d’Ecolo, alors sa tête sera plus que jamais sur le billot. Magnette ne manquera pas de s’emparer du pouvoir une fois pour toutes. Mais si l’ancien premier ministre limite les dégâts et sauve les meubles, alors il peut commencer à rêver d’un Di Rupo II.

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