Les scientifiques veulent que l’on retourne aux dirigeables

Plus de quatre-vingts ans après la catastrophe du Hindenburg, le dirigeable pourrait éventuellement faire son retour en tant que moyen de transport transatlantique. Une étude scientifique plaide en effet pour leur utilisation pour le fret de marchandises. 

Dans leur rapport, les chercheurs de Institut international d’analyse de systèmes appliqués à Laxenbourg, en Autriche, proposent en effet que l’on construise des dirigeables d’une longueur de plus de deux kilomètres.

Des dirigeables conçus pour exploiter le jet-stream

C’est plus de 10 fois plus gros que le funeste LZ 129 Hindenburg inauguré par la firme Zeppelin en 1936 à Friedrichshafen en Allemagne pour assurer une ligne commerciale Europe/Etats-Unis.

Ce dirigeable, qui est encore à ce jour le plus grand jamais construit, a été détruit par un incendie spectaculaire quelques mois plus tard à Lakehurst, dans le New Jersey. Cet événement a signé l’arrêt de mort de cette technologie, car à l’époque, les arrivées de l’aérostat attiraient une foule de curieux et de reporters aux Etats-Unis. L’incendie du Hindenburg, qui a fait 35 victimes, a donc été filmé en direct, et les images dramatiques ont détruit la renommée de l’engin.

Les dirigeables de nouvelle génération évolueraient dans les couches supérieures de l’atmosphère pour exploiter le jet-stream, un courant d’air qui effectue le tour de la planète. Ils pourraient donc effectuer le travail de fret des navires de marine marchande, mais en émettant beaucoup moins de pollution.

Selon les calculs des chercheurs, ces dirigeables pourraient faire le tour du monde en seize jours avec une charge de plus de 20 000 tonnes, tout en consommant moins d’énergie que les cargos conventionnels.

L’hydrogène, plutôt que l’hélium

Le jet-stream se déplace d’ouest en est, ce qui implique que ces dirigeables ne pourraient aller que dans cette direction, comme le faisait le Hindenburg lui-même. Les progrès techniques réalisés depuis les années 1930 signifient que nous bénéficions maintenant de technologies et de matériaux plus fiables et plus sûrs pour construire et piloter les aérostats, comme la fibre de carbone.

De même, de nos jours, les prévisions météorologiques sont automatisées, ce qui permettra d’optimiser l’utilisation des courants aériens. Toutefois, de manière remarquable, le carburant serait encore l’hydrogène, en raison de sa grande légèreté.

Or, l’hydrogène est extrêmement inflammable, et il est directement responsable de l’incendie du Hindenburg. Son utilisation dans les aérostats a d’ailleurs été totalement proscrite depuis ce drame, et de nos jours, les dirigeables sont alimentés à l’hélium, un gaz beaucoup plus sûr, mais rare et cher. En effet, on ne le trouve que dans des poches de gaz naturel en profondeur. Son extraction est donc le résultat d’opérations de forage particulièrement polluantes. De son côté, l’hydrogène, qui est issu de l’eau, peut être produit avec des énergies renouvelables, telles que le solaire ou l’éolien.

En outre, l’hydrogène est beaucoup plus léger que l’air, ce qui implique qu’un dirigeable à hydrogène pourra transporter une cargaison plus importante.

Pour éliminer la mortalité induite par d’éventuels incendies, les nouveaux dirigeables pourraient fonctionner de manière autonome. Leur chargement et déchargement pourrait être entièrement automatisé. Ainsi, les risques se limiteraient à la perte de l’engin et de sa cargaison en cas d’incendie.

En outre, l’eau qui serait produite lors de la genèse de l’hydrogène pourrait être répandue sur les zones frappées par une grave sécheresse lors de leur survol par l’aérostat.

Convaincre les investisseurs

Néanmoins, la construction de ces mastodontes poserait d’énormes défis. L’hydrogène n’inspire pas confiance et pourrait dissuader d’éventuels investisseurs, ce qui pourrait compliquer le fiancement de tels projets.

Mais selon Barry Prentice, président du constructeur canadien de dirigeables Buoyant Aircraft Systems International, ces craintes pourront rapidement être surmontées, après l’apparition de ces nouveaux engins.

Dans le monde, des dirigeables sont déjà opérationnels dans les domaines de la surveillance, du tourisme de luxe et de la navigation. Il sont aussi incontournables pour le transport de minerais et de bois provenant de mines et de forêts inacessibles pour les avions et les camions.

Selon Eric Lanteigne, professeur de génie mécanique à l’Université d’Ottowa, on pourrait commencer à voir les premiers dirigeables pour le transport de marchandise d’ici cinq ans.

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